Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a estimé que la paix ne serait obtenue que si Gaza est "démilitarisée" et "déradicalisée", plus de deux mois et demi après le début de la guerre, déclenchée par une attaque sanglante lancée le 7 octobre par le mouvement islamiste palestinien Hamas sur le sol israélien.
En représailles, Israël a promis de détruire le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007. La guerre, qui ne donne aucun signe de répit, a provoqué d'immenses destructions et un désastre humanitaire dans la bande de Gaza, où la famine menace et où la plupart des hôpitaux sont hors service.
Mardi, d'épais nuages de fumée s'élevaient dans le ciel de Gaza après des frappes, selon des images de l'AFP, notamment au-dessus de Khan Younès, la grande ville du sud où Israël a annoncé concentrer désormais l'essentiel de son offensive contre le Hamas. Selon un correspondent de l'AFP, des frappes israéliennes nocturnes ont aussi visé la ville voisine de Rafah, à la frontière égyptienne, où s'entassent des dizaines de milliers de déplacés dans des camps de fortune.
Trente corps de victimes des bombardements ont été transportés ces dernières 24 heures à l'hôpital Nasser de Khan Younès, a indiqué le ministère de la Santé du Hamas. Selon un dernier bilan mardi de ce ministère, 20.915 personnes, en majorité des femmes, des adolescents et des enfants, ont été tuées dans les opérations militaires israéliennes à Gaza, dont 241 ces dernières 24 heures.
En Israël, l'attaque sans précédent menée le 7 octobre par des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza a fait environ 1.140 morts, la plupart des civils, d'après des derniers chiffres officiels israéliens. Environ 250 personnes ont été enlevées, selon Israël, dont 129 restent détenues à Gaza.
"Des récits déchirants"
Mardi, l'armée a annoncé avoir frappé pendant la journée écoulée plus de cent cibles du Hamas. Elle a publié des images de ses soldats accompagnés de chars, progressant à pied entre les ruines poussiéreuses, pendant que résonnaient des tirs. Le Hamas a diffusé des images montrant des combattants ouvrant le feu et faisant exploser un char israélien.
Des images de l'AFP tournées à Tal al-Hawa, un quartier détruit de la ville de Gaza, presque désert, montrent des montagnes de décombres et des ruines noircies, ainsi que les salles dévastées de l'hôpital al-Quds, assiégé en novembre par l'armée. "Par Dieu, la destruction est très importante, et tous les habitants sont déplacés vers le sud. Que Dieu aide les gens à surmonter les malheurs qui les frappent", affirme un homme.
"Nous n'arrêtons pas, (...) nous intensifions les combats dans les jours à venir", a affirmé lundi Benjamin Netanyahu, après s'être rendu à Gaza. "Le Hamas doit être détruit, Gaza doit être démilitarisée et la société palestinienne déradicalisée", a-t-il déclaré lundi au Wall Street Journal.
Selon l'armée, 158 militaires ont été tués au combat depuis le début de son offensive terrestre à Gaza le 27 octobre. Dans ce petit territoire surpeuplé, soumis par Israël à un siège total depuis le 9 octobre, la guerre a forcé 1,9 million de personnes à fuir leur foyer, soit 85% de la population selon l'ONU.
Israël "prétend qu'il existe des zones habitées sûres ou des zones sécurisées, mais cette attaque contredit ses allégations et ses mensonges", affirmait mardi un survivant, Abou Baraa, dans les ruines d'une maison détruite par un bombardement à Rafah. Les camps de réfugiés de Rafah "abritent des dizaines de milliers de citoyens pacifiques, de sorte qu'il n'existe aucun endroit sûr dans la bande de Gaza", a-t-il ajouté.
L'Organisation mondiale de la santé (OMS), qui s'est rendue à l'hôpital de Deir el-Balah (centre) après une frappe sur un camp de réfugiés voisin, a entendu des "récits déchirants" sur des familles entières tuées, a raconté son directeur général, Tedros Adhanom Ghebreyesus. Cette frappe dimanche sur le camp d'al-Maghazi a tué au moins 70 personnes, selon le ministère de la Santé du Hamas. L'armée a dit "vérifier l'incident".
Frappes américaines en Irak
L'entrée de l'aide humanitaire n'a pas augmenté de manière significative, malgré le vote vendredi par le Conseil de sécurité de l'ONU d'une résolution réclamant son acheminement "immédiat" et "à grande échelle". Les efforts humanitaires "ne sont pas près de répondre aux besoins de la population de Gaza", a déclaré mardi M. Tedros. "Nous continuons à appeler à un cessez-le-feu immédiat."
En Israël, la pression perdure pour libérer les otages. Lundi, M. Netanyahu a été chahuté au Parlement par des familles qui scandaient "Maintenant, maintenant!". "Et si c'était ton fils?", "80 jours, chaque minute c'est l'enfer", pouvait-on lire sur des banderoles.
Le Hamas, considéré comme un groupe terroriste par Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne, exige une fin des combats en préalable à de nouvelles négociations pour des libérations d'otages. Fin novembre, une trêve d'une semaine a permis la libération de 105 otages contre 240 prisonniers palestiniens et l'entrée à Gaza, depuis l'Egypte, d'importants convois d'aide.
Au-delà de Gaza, le spectre d'un élargissement du conflit plane toujours, avec des échanges de tirs entre le Hezbollah et Israël à la frontière israélo-libanaise, des violences en Cisjordanie occupée et les attaques des rebelles Houthis du Yémen contre des navires en mer Rouge et en mer d'Arabie.
Les attaques imputées aux groupes pro-iraniens contre des troupes américaines se sont multipliées en Irak et en Syrie. Mardi, les Etats-Unis ont annoncé avoir mené des frappes contre trois sites utilisés par des groupes pro-iraniens en Irak. Un membre des forces de sécurité a été tué selon le gouvernement irakien.
Lundi, l'Iran a accusé Israël d'avoir tué un de ses hauts-gradés dans une frappe de missiles en Syrie. Les Gardiens de la Révolution ont identifié ce général de brigade, Razi Moussavi, comme un "responsable logistique de l'axe de la résistance" à Israël, qui regroupe notamment l'Iran, le Hezbollah, le Hamas et les Houthis.
La frappe a tué également trois combattants pro-iraniens, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). "Cet assassinat est une attaque flagrante qui dépasse les limites", a réagi le Hezbollah. L'armée israélienne s'est refusée à tout commentaire. Le président iranien Ebrahim Raïssi a prévenu qu'Israël "paierait certainement pour ce crime".
Forum