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L'opposant rwandais Frank Habineza prêt à une présidentielle "déséquilibrée"


Le candidat à la présidentielle, l'opposant Frank Habineza du Parti Vert Démocrate, lors d'un rassemblement de campagne électorale dans le district de Musanze, au Rwanda, le 28 juillet 2017.
Le candidat à la présidentielle, l'opposant Frank Habineza du Parti Vert Démocrate, lors d'un rassemblement de campagne électorale dans le district de Musanze, au Rwanda, le 28 juillet 2017.

Alors que le président rwandais sortant, Paul Kagame, brigue un nouveau mandat le 15 juillet, l'opposant Frank Habineza se lance dans la course, conscient du déséquilibre des forces en présence. Malgré des menaces, un emprisonnement et un exil, Habineza refuse de se laisser réduire au silence.

Chef du seul parti autorisé critique du pouvoir au Rwanda, figure de proue de l'opposition, Frank Habineza se présente pour la deuxième fois à l'élection présidentielle en juillet, Frank Habineza, se présente à nouveau à la présidentielle de juillet 2024, en dépit d'un contexte électoral "déséquilibré" en faveur du président sortant Paul Kagame.

Seul candidat déclaré pour l'instant avec le président sortant, Frank Habineza sait que les conditions de l'élection ne seront pas "équitables". La course est "déséquilibrée pour nous", estime-t-il, dénonçant notamment l'hégémonie du FPR, le parti au pouvoir, sur la commission électorale. "Vous ne pouvez rien changer en restant assis à faire de la politique de salon", affirme celui qui a réuni 0,45% des voix en 2017: "Vous devez être à l'intérieur du système, combattre le système".

Frank Habibeza, 47 ans, a quitté le parti au pouvoir, le Front patriotique rwandais (FPR), en 2009, pour créer son propre parti, le Parti démocratique vert. Son engagement politique lui a valu menaces, emprisonnement et exil.

Le scrutin de juillet s'annonce comme une reconduction de Paul Kagame, au pouvoir depuis 2000. Habineza est conscient des obstacles à sa candidature, notamment l'hégémonie du FPR sur la commission électorale. Malgré les conditions défavorables, Habineza refuse de se taire. Sa participation vise à briser le silence et à encourager l'émergence d'une véritable opposition au Rwanda.

Une caution d'opposition

Le programme d'Habineza met l'accent sur le respect des droits humains, la liberté d'expression et la réduction de la pauvreté. Il dénonce également l'accord controversé avec Londres sur l'envoi de migrants au Rwanda.

Le Parti démocratique vert a reçu l'agrément des autorités avant les législatives de 2013, et obtenu deux sièges au Parlement en 2018. Bien que critique du pouvoir, il est parfois décrié comme une caution d'opposition, inoffensive pour le régime de Kigali.

"Nous nous sommes battus pour ce que nous avons", se défend Frank Habineza, soulignant que certains membres du parti "vivent toujours en exil". "Nous nous sommes opposés au changement de la constitution" passé en 2015 permettant à Paul Kagame de potentiellement rester au pouvoir jusqu'en 2034, ajoute-t-il.

Un symbole de courage et d'espoir

Dans un contexte de tensions avec la République démocratique du Congo, Habineza prône le dialogue et la coopération pour des relations durables avec les pays voisins.

La candidature de Frank Habineza, bien que symbolique, représente un défi au régime en place et une source d'inspiration pour ceux qui aspirent à un Rwanda plus démocratique et respectueux des droits humains.

Paul Kagame, dirigeant aujourd'hui âgé de 66 ans a été réélu en 2003, 2010 et 2017, à chaque fois avec plus de 90% des voix. Son score a culminé à 98,63% il y a sept ans, lors d'un scrutin entaché, selon des organisations de défense des droits humains, d'irrégularités et d'opérations d'intimidation d'électeurs.

L'une des plus virulentes opposantes Victoire Ingabire, qui dirige le mouvement non autorisé Dalfa Umurunzi (Développement et Liberté pour Tous), a annoncé sa volonté de se présenter. Mais elle n'en a théoriquement pas le droit en raison de condamnations antérieures.

Arrêtée en 2010 alors qu'elle voulait se présenter contre Paul Kagame, elle a été condamnée en 2013 à 15 ans de prison pour "conspiration contre les autorités" et "minimisation du génocide de 1994" visant les Tutsi, qui a fait 800.000 morts. Après huit ans de prison, le reste de sa peine avait été commuée. La Cour suprême rwandaise doit se prononcer le 13 mars sur la possibilité légale d'une candidature.

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