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Afrique du Sud: le président Ramaphosa réélu, gouvernement de coalition en vue.


Le président sud-africain Cyril Ramaphosa prête serment devant l'Assemblée nationale lors de la première séance de l'Assemblée nationale après les élections.
Le président sud-africain Cyril Ramaphosa prête serment devant l'Assemblée nationale lors de la première séance de l'Assemblée nationale après les élections.

Cyril Ramaphosa, réélu vendredi président de l'Afrique du Sud par le Parlement, travaille samedi à constituer un nouveau gouvernement après que son parti l'ANC a trouvé un accord inédit avec la principale formation d'opposition, la DA libérale.

Les Etats-Unis, la Chine, l'Ukraine, la Russie, le Zimbabwe voisin et la Commission européenne ont félicité samedi M. Ramaphosa, qui a obtenu la veille 283 voix, loin devant l'autre candidat Julius Malema du parti radical de gauche EFF (44 voix).

L'investiture du chef de l'Etat, 71 ans, devrait se dérouler mercredi à Pretoria, selon une source gouvernementale.

"C'est un jour historique" et "le début d'un nouveau chapitre de construction, de coopération", a commenté vendredi le dirigeant de la DA, John Steenhuisen.

Selon l'ANC, le président Ramaphosa devrait annoncer un "gouvernement d'union nationale inclusif" comprenant, outre la DA, le parti nationaliste zoulou Inkhata (IFP) et d'autres petites formations.

Le parti de Nelson Mandela s'est dit "prêt à mettre de côté nos divergences politiques, à trouver des moyens innovants pour travailler ensemble dans l'intérêt de notre nation".

Les élections législatives fin mai ont marqué un tournant historique pour l'Afrique du Sud, mettant fin à trente ans d'hégémonie du Congrès national africain (ANC) de Nelson Mandela. Le parti qui a défait le régime honni de l'apartheid a ainsi perdu pour la première fois sa majorité absolue au Parlement.

Le futur gouvernement va graviter "autour du centre", entre l'ANC, qui reste majoritaire avec 159 des 400 députés, l'Alliance démocratique (DA, 87 sièges) et le parti nationaliste zoulou Inkhata (IFP, 17 sièges).

John Steenhuisen a estimé que ce gouvernement multi-partis est "la meilleure opportunité" pour le pays "d'obtenir la stabilité et une bonne gouvernance propre", loin de la corruption qui a entaché l'ANC ces dernières années.

Il a précisé que l'attribution de postes de ministres n'était pas encore tranchée. "Nous parlons valeurs et principes d'abord, postes ensuite", a-t-il ajouté.

M. Ramaphosa, ancien syndicaliste ayant fait fortune dans les affaires, avant de revenir à la politique, a affiché la semaine dernière une franche décontraction, alors qu'il menait des négociations serrées en coulisses.

Le président américain Joe Biden a félicité samedi Cyril Ramaphosa pour sa réélection.

Saluant le travail collectif réalisé par les partis pour former un gouvernement d'union nationale, Joe Biden s'est réjoui "que les États-Unis et l'Afrique du Sud poursuivent leur collaboration afin d'élargir les perspectives économiques, investir dans des solutions énergétiques propres et démontrer que la démocratie tient parole", selon un communiqué de la Maison Blanche.

La Chine, partenaire-clef de l'Afrique du Sud, a félicité M. Ramaphosa par un "message" de son président Xi Jinping, a indiqué l'agence de presse officielle Chine Nouvelle.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a de son côté félicité M. Ramaphosa en saluant "les efforts conjoints de l'Afrique du Sud pour restaurer une paix juste en Ukraine" tandis que le président russe Vladimir Poutine a dit apprécier en Ramaphosa sa "contribution personnelle au développement d'un partenariat stratégique" entre leurs deux pays.

"Avec vos qualités de dirigeant et votre expérience, l'Afrique du Sud est entre de bonnes mains", a pour sa part écrit sur X la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.

Le président du Zimbabwe voisin, Emmerson Mnangagwa, a vu lui dans la réélection de M. Ramaphosa "un large témoignage de la grande confiance" du peuple à son égard.

Sans la gauche

Depuis plusieurs jours, une troïka ANC-DA-IFP s'était dessinée, en dépit de tiraillements sur la gauche de l'ANC, qui voyait d'un mauvais oeil une alliance avec le parti DA, apprécié par le monde des affaires mais qui reste largement perçu comme le parti des Blancs et opposé au poids des aides sociales sur le budget notamment.

Mercredi, le dirigeant de l'Inkhata avait justifié sa participation au futur gouvernement par le besoin de "stabilité" pour répondre aux difficultés des Sud-Africains, plombés par un chômage endémique, de fortes inégalités et des coupures de courant récurrentes.

Plus tôt, le président Ramaphosa avait invité tous les partis à "travailler ensemble" pour former un "gouvernement d'union nationale", référence à la formule trouvée à la sortie de l'apartheid unissant le premier président noir Nelson Mandela au dernier président blanc, Frederik de Klerk.

Le MK, nouveau parti de l'ex-président accusé de corruption Jacob Zuma, devenu la troisième force politique avec 58 sièges, a refusé toute discussion avec l'ANC.

Son parti continue de contester les résultats des législatives et ses députés étaient largement absents vendredi de cette première session parlementaire.

Les Combattants pour la liberté économique (EFF, 39 sièges), qui prônent la confiscation de terres aux Blancs ou la privatisation des mines, ont refusé de rejoindre le gouvernement de coalition.

Washington Forum : les élections en Afrique du Sud
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