"A bas le test anal, à bas les lois coloniales", ont notamment scandé les manifestants en cette journée mondiale de lutte contre la torture, en référence à l’article 230 du code pénal tunisien. La manifestation s'est tenue devant la cour d'appel de Tunis, où devaient comparaître deux membres de la communauté LGBT condamnés en première instance à deux ans d'emprisonnement, en vertu de cet article.
Cette législation, adoptée en 1913 durant la période de colonisation française, n'a jamais été révisée après l'indépendance du pays en 1956. Ce texte condamne "la sodomie" et "l'homosexualité masculine et féminine" d'une peine allant jusqu'à trois ans de prison pour les personnes prises en flagrant délit, soumises ensuite à un test anal.
Ce type d'examen est régulièrement imposé aux personnes soupçonnées d'homosexualité en Tunisie, bien qu'il soit considéré comme un acte de torture par l'ONU et qu'il contrevienne aux engagements internationaux du pays. Dans un communiqué publié le 21 juin, des ONG réclamaient la libération immédiate des deux condamnés et l'abrogation de l'article 230.
"Les membres de la communauté LGBT+ ne sont pas des citoyens de seconde zone", a défendu lors de la manifestation Badr Baabou, président d'honneur et cofondateur de DAMJ, association tunisienne pour la justice et l’égalité, pour qui l'Etat tunisien doit "préserver la dignité et la vie privée" de ses citoyens.
La Tunisie s'était engagée en 2017 devant le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU à ne plus imposer ces tests mais n'a en réalité jamais cessé leur pratique selon les groupes de défense. Le président tunisien Kaïs Saied, qui détient tous les pouvoirs depuis son coup de force du 25 juillet 2021, s'oppose à une décriminalisation de l'homosexualité, tout en se prononçant contre les incarcérations.
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