A l'issue de discussions au Caire sous l'égide des autorités égyptiennes, les frères ennemis palestiniens ont approuvé un projet d'accord devant être validé par un décret présidentiel de M. Abbas, selon un membre de l'équipe de négociations du Hamas et un autre du Fatah. Mais dans la foulée, à Ramallah, siège de l'Autorité palestinienne (AP) en Cisjordanie occupée, le plan a été rejeté par Jibril Rajoub, l'influent secrétaire-général du Fatah, qui y voir un facteur de "division" des Palestiniens.
"Nous voulons un seul gouvernement, un seul appareil de sécurité et une seule politique. Toute discussion ou effort en dehors de ce cadre est une erreur", a-t-il détaillé devant des journalistes. Selon lui, il est essentiel de "protéger" les institutions palestiniennes telles que l'AP plutôt que de "former des comités séparés ici ou là distincts entre la bande de Gaza et la Cisjordanie occupée". "Nous ne participerons à aucune démarche qui renforce la division ou qui se conforme à la volonté de M. Netanyahu", le Premier ministre israélien.
Non affiliés
Selon le texte du projet vu par l'AFP, le comité, devant être formé de dix à quinze personnalités non affiliées à l'un ou l'autre mouvement, aurait autorité sur toutes les affaires relatives à l'aide humanitaire, l'éducation, la santé, l'économie et la reconstruction, en coordination avec le gouvernement de l'Autorité palestinienne à Ramallah. Le comité serait également chargé d'administrer la partie palestinienne du point de passage de Rafah entre la bande de Gaza et l'Egypte, seule porte du petit territoire sur un pays autre qu'Israël.
Le comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), où domine le Fatah mais auquel le Hamas n'appartient pas, doit se réunir mardi soir, selon un de ses membres, et pourrait décider d'accepter ou non l'accord du Caire. "Comment cet accord serait-il mis en oeuvre quand Israël contrôle militairement Gaza?" s'interroge Ghassan Khatib, analyste palestinien et ancien membre du gouvernement.
Ce professeur à l'université Birzeit en Cisjordanie occupée souligne que les autorités israéliennes n'ont pas encore réagi bien qu'elles réoccupent la bande de Gaza et qu'elles contrôlent tous les points d'accès au petit territoire. "Si cet accord est appliqué, il libérera Israël de ses obligations d'occupant", estime M. Khatib.
Initiative diplomatique
L'annonce de l'accord survient sur fond d'un renouveau d'initiative diplomatique pour mettre un terme à la guerre entre le Hamas et Israël ayant dévasté la bande de Gaza, en proie, selon le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, à une situation "apocalyptique". Ces efforts, sous l'égide des Etats-Unis, en coordination avec le Qatar, l'Egypte et la Turquie, selon Washington, se déroulent dans la foulée de l'entrée en vigueur d'une trêve fragile au Liban entre Israël et le Hezbollah, allié du Hamas.
Alors que l'administration américaine de Joe Biden doit passer la main en janvier à Donald Trump, les Palestiniens sont soumis à une forte pression de Washington pour garantir que le Hamas ne jouera aucun rôle à Gaza une fois la guerre achevée. Le mouvement islamiste a fait savoir au cours des derniers mois qu'il ne tenait pas à administrer les affaires courantes dans la bande de Gaza une fois la guerre terminée.
Le gouvernement de Benjamin Netanyahu, un des plus à droite de l'histoire d'Israël, a fait de la destruction du Hamas à Gaza un de ses buts de guerre mais a également signifié à maintes reprises sa ferme opposition à voir l'Autorité palestinienne revenir à Gaza.
La guerre a été déclenchée le 7 octobre 2023 par une attaque sans précédent du Hamas ayant entraîné la mort de 1.208 personnes du côté israélien, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles et incluant les otages tués ou morts en captivité. La campagne militaire de représailles israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 44.502 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.
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