Le ministère camerounais des Transports a annoncé mercredi "la levée du blocage du trafic sur le corridor Douala-Bangui" reliant le grand port camerounais et la capitale centrafricaine, dans un communiqué signé par les ministres des deux pays et par des syndicats camerounais de patrons et d'employés du secteur. Mais selon Hamadou Djika, le représentant camerounais de l'intersyndicale des transports à l'origine de la grève, "il est trop tôt pour se prononcer sur la reprise, même si certains ont pris la route". "Nous attendons de voir car nous n'avons pas été satisfaits", a-t-il déclaré à l'AFP.
Les routiers camerounais avaient suspendu leurs livraisons depuis la mort d'un des leurs, le 18 novembre dernier, dans un village situé à 166 km au nord-est de la capitale, en dénonçant un "assassinat" impliquant selon eux des mercenaires russes de la société privée Wagner – appelée en renfort de l'armée centrafricaine depuis 2018.
Les autorités centrafricaines ont ouvert une enquête et promis de sanctionner les coupables, sans se prononcer sur la possible implication des Russes. Mais les camions se sont entassés à la ville frontière de Garoua-Boulaï, plaque tournante de l'axe routier vital pour les marchandises en provenance du Cameroun, du Nigeria et du Tchad. Et les prix ont flambé sur les marchés de Centrafrique, pays enclavé et instable très dépendant de ses importations.
Le dossier "n'est pas une simple affaire d'organisation des transports dont les ministres sont en charge. L’État centrafricain a pris sur lui de sécuriser les transporteurs camerounais et leurs matériels. Son homologue a dit qu'il lui fait confiance. Mais quelle mesure de sécurité a donc été prise? Voilà pourquoi nous attendons de voir. C'est tout!" a déclaré Hamadou Djika.
Alors que les routiers s'indignaient aussi des "contrôles tracassiers" et du "rançonnement" des autorités centrafricaines, Bangui a réduit le droit de passage des poids-lourds de 25.000 à 10.000 francs CFA (d'environ 38 à 15 euros) dans les accords signés pour lever le blocus, selon le communiqué publié à Yaoundé.
Marquée par une succession de guerres civiles, de coups d'État et de régimes autoritaires depuis son indépendance de la France en 1960, en voie de pacification avec une baisse d'intensité des conflits, la Centrafrique subit encore des attaques de groupes rebelles dans les zones reculées et des ripostes de l'armée centrafricaine soutenue par ses alliés de Wagner.
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