Les deux parties ont confirmé vendredi à l'AFP qu'un projet de texte était sur la table: "Nous travaillons sur un accord qui pourrait être finalisé" dimanche, a déclaré le ministre rwandais des Affaires étrangères Olivier Nduhungirehe. "Il y a une volonté d'aller vers la signature d'un accord dimanche à Luanda", a confirmé une source gouvernementale congolaise.
La veille depuis Pretoria, le président angolais Joao Lourenço, médiateur désigné de l'Union africaine (UA) dans le conflit entre Kigali et Kinshasa, avait indiqué avoir "bon espoir que cette réunion aboutisse à la signature ou à la décision de signer prochainement un accord de paix durable entre les deux pays voisins".
Le M23 ("Mouvement du 23 mars"), groupe armé soutenu par Kigali et son armée, s'est emparé depuis novembre 2021 de vastes pans de territoire dans l'est de la RDC riche en minerais et théâtre de violences depuis 30 ans. Goma, capitale de la province du Nord-Kivu qui compterait plus d'un million d'habitants et près d'un million de déplacés de guerre entassés dans des camps, est encerclée par les rebelles et des unités de l'armée rwandaise.
Le projet d'accord "pour le rétablissement de la paix et de la stabilité dans l'est de la RDC", selon l'intitulé consulté par l'AFP, prévoit "la neutralisation des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR)", réclamée par Kigali et "la levée des mesures défensives du Rwanda", principale préoccupation de Kinshasa. Les FDLR, groupe armé formé par d'anciens hauts responsables hutu du génocide des Tutsi au Rwanda en 1994 depuis réfugiés en RDC, et qui combat le M23 tout comme une nébuleuse de milices pro-Kinshasa dans l'est, constitue aux yeux de Kigali une menace permanente.
"Pourparlers avec le M23"
Fin novembre, la RDC et le Rwanda avaient déjà approuvé un concept d'opérations (CONOPS) consulté par l'AFP établissant, en théorie, le départ des soldats rwandais et la neutralisation par l'armée congolaise des FDLR en juste 90 jours. Un premier "plan harmonisé" de sortie de crise daté d'août prévoyait initialement la neutralisation des FDLR comme préalable au départ des soldats rwandais. Il a été rejeté par la RDC qui réclamait "la simultanéité des opérations".
L'accord en jeu dimanche achoppe encore principalement sur un dernier point, selon le ministre Nduhungirehe. "Le Rwanda demande un engagement ferme de la RDC à reprendre des pourparlers directs avec le M23 dans un cadre et des délais bien définis, sans quoi rien ne serait réglé", a-t-il expliqué. "La solution militaire seule ne suffit pas". "Le M23 n'existe que parce que les rebelles ont un soutien militaire rwandais. Si Kigali est de bonne foi dans les négociations et sur sa promesse de retirer (...) ses troupes du sol congolais, le conflit s'arrêtera avec le M23, en même temps qu'il s'arrêtera avec le Rwanda", a estimé de son côté la source gouvernementale congolaise.
Selon une source proche du dossier, la RDC aurait donné son accord de principe pour dialoguer avec le M23, mais dans le cadre du processus de Nairobi, initiative de résolution de crise parallèle au processus de Luanda centrée sur la question des groupes armés présents dans l'est de la RDC. Les présidents congolais et rwandais se sont croisés pour la dernière fois sans échanger un mot en octobre à Paris au sommet de la francophonie.
Une demi-douzaine de cessez-le-feu et trêves ont déjà été décrétés puis violés dans l'est de la RDC. Fin juillet, un nouveau cessez-le feu a été signé après deux ans et demi d'affrontements et d'accords rompus. Il a déjà été mis à mal par au moins une offensive du M23 et des accrochages réguliers au cours des dernières semaines entre rebelles et forces armées congolaises.
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