Le 28 février dernier, des activistes camerounais de la diaspora ont fait irruption dans la salle des conférences d’un hôtel bruxellois. Dans certaines vidéos publiées par ces activistes, membres d’une organisation dénommée « Brigade Anti-Sardinards », on peut les entendre hurler : « Sortez ! Le Cameroun va changer ! ». Toujours d’après ces vidéos relayées sur les réseaux sociaux, plusieurs personnes ont été enfarinées.
Des Camerounais de la diaspora avaient été conviées dans cet hôtel par le ministre de la Jeunesse et de l’éducation civique, Mounouna Foutsou, pour une cérémonie de clôture du mois de la jeunesse. Les activistes qui ont manqué leur cible principale - le ministre de la Jeunesse - l’ont surpris dans la matinée du 3 mars, alors qu’il quittait son hôtel pour se rendre à l’aéroport et regagner Yaoundé. Le ministre et l’ambassadeur du Cameroun en Belgique ont subi le courroux des activistes. Une photo de l’ambassadeur, avec un filet de sang sur le visage, a notamment circulé sur les réseaux sociaux.
Protestation
Dans un communiqué publié ce mardi, le ministère camerounais de la Communication a dénoncé des « des scènes indescriptibles d’agressions » perpétrées par une « bande de terroristes forcenés, manifestement instrumentalisés ».
« Le Gouvernement de la République déplore et condamne avec la plus grande fermeté, ces comportements irresponsables et barbares, des actes insensés, dirigés contre les représentants de l’Etat, mobilisés dans le cadre de la mise en œuvre des politiques publiques visant l’insertion socioprofessionnelle des jeunes, et qui sont en totale contradiction avec les mobiles que clames leurs auteurs, pour les expliquer ou les justifier » ajoute le communiqué.
« Face à cet incident grave survenu sur le territoire d’un pays ami, le gouvernement en appelle au respect réciproque par les autorités des pays amis, des engagements et des responsabilités qui incombent à tous les Etats, en vertu des conventions internationales » peut-on lire dans le communiqué qui annonce que « des mesures appropriées seront prises pour retrouver les auteurs de ces actes séditieux et les traduire devant les autorités compétentes. »
Dans un communique séparé, l’ambassade du Cameroun en Belgique a appelé au « rejet de toute forme de violence », réaffirmant son « attachement aux valeurs de paix de dialogue ».
Convocation
Mardi, le ministre des Relations extérieures a convoqué l’ambassadeur de Belgique au Cameroun, Alain LEROY « afin de lui signifier l’indignation et la forte désapprobation du gouvernement camerounais face à cette situation regrettable » d’après un communiqué de ce ministère.
Il a été « réitéré le souhait de voir une présence policière permanente et visible autour de nos édifices ainsi qu’un encadrement sécuritaire idoine pour nos personnalités en visite, en transit ou résidant en Belgique » ajoute le communiqué.
« En réaction, l’ambassadeur de Belgique au Cameroun tout en présentant ses regrets et ceux du gouvernement belge sur cette situation malencontreuse, a indiqué que les mesures idoines seront prises par son pays pour éviter que de tels incidents se reproduisent à l’avenir » conclut le communiqué.
Bis repetita
Ce n’est pas la première fois que Yaoundé proteste contre les actes de cette « Brigade Anti-Sardinards ». En 2021, l’ambassadeur de Belgique au Cameroun avait été déjà convoqué par le ministre des Relations extérieures. Le ministre avait exprimé « la vive préoccupation ainsi que la protestation du gouvernement camerounais, face à la répétition des actes de vandalisme perpétrés par certains groupuscules d'individus, à l'encontre des biens de l'État du Cameroun ou de ses officiels, en Europe en général, et en Belgique en particulier », avait révélé un communiqué du ministère.
Dans quelques mois, en octobre 2025, le Cameroun organise une élection présidentielle. La « Brigade Anti-Sardinards », qui ne cache pas sa sympathie pour l’opposant Maurice Kamto, pourrait multiplier les coups d’éclat. Après la présidentielle de 2018, remportée par Paul Biya, ce groupe avait attaqué plusieurs ambassades du Cameroun à l’étranger. Il avait ensuite perturbé les concerts de plusieurs artistes soupçonnés d’accointance avec le régime de Paul Biya.
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