Le coup d'envoi officiel de cette célébration a été donné dimanche après-midi lors d'une cérémonie en présence de nombreuses personnalités du monde de la culture, sous la présidence du chef de l'Etat guinéen Alpha Condé, à l'espace d'exposition Bluezone à Kaloum (centre-ville).
L'opération "Capitale mondiale du livre" est une initiative de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco) qui a commencé en 2001 par Madrid.
Après Wroclaw en Pologne, Conakry est la 17e ville à abriter la manifestation et elle s'engage ainsi, comme le demande l'Unesco, "à promouvoir les livres et la lecture et à mettre en oeuvre un programme d'activités pour une période d'un an".
Cette opération, qui se traduira par différentes manifestations jusqu'au 22 avril 2018, "est plus qu'un honneur" pour la Guinée et ses quelque 12 millions d'habitants, a déclaré le président Condé dans son discours d'ouverture.
"C'est une opportunité historique à saisir par notre peuple pour amorcer sa renaissance culturelle et reprendre sa place d'antan dans l'arène culturelle africaine", a ajouté M. Condé.
Il a rendu un "hommage mérité à tous les hommes de la littérature africaine en général, et guinéenne en particulier, pour leur rôle d'éveil de conscience dans une Afrique en proie à la dépersonnalisation et la perte de son identité culturelle".
Avant la cérémonie d'ouverture, le livre avait déjà pris place à la Bluezone et au Centre culturel franco-guinéen (centre-ville), les deux sites abritant des stands dédiés à l'évènement: divers ouvrages y sont exposés sur des tables, dans des présentoirs ou à même le sol comme chez les bouquinistes de Guinée, surnommés "libraires par terre" et proposant à prix modiques des livres de seconde main souvent introuvables dans les bibliothèques locales.
Livres à distribuer
"Le grand atlas de l'anatomie" côtoie "Les six compagnons", série de romans pour la jeunesse, des livres pour enfants attirent de petits curieux tandis que les plus grands s'intéressent à des dictionnaires encyclopédiques...
Le livre est aussi présent dans les mots de slameurs: dimanche, l'un d'eux a déclamé son texte accompagné de femmes au balafon. Pour ajouter du folklore au faste, des groupes d'acrobates ont exécuté des pirouettes sur des rythmes endiablés devant une assistance ravie.
A travers la ville, les murs, panneaux et posters géants parlent également de livres, de lectures, d'écrivains... Tout un monde dont de nombreux acteurs issus de divers horizons ont convergé vers la Guinée, a affirmé le commissaire général de "Conakry, capitale mondiale du livre 2017", Sansy Kaba.
Jusqu'à mardi, la ville abritera d'intenses activités de "promotion du livre et de la lecture", a-t-il dit, évoquant le lancement d'une bibliothèque digitale africaine, des dédicaces et conférences.
Selon lui, des délégations se rendront également en province, "à Siguiri, Kankan, Kouroussa (est) et Mamou (centre) pour rendre hommage à des écrivains guinéens de renom" dont Fodéba Kéita, Ibrahima Baba Kaké, Laye Camara, Djibril Tamsir Niane, Tierno Monénembo. Elles y distribueront "des cahiers, des livres dans les écoles, dans les universités et dans les librairies de toutes ces villes visitées".
Pour Mamadou Baïlo Diallo, président de l'Association des bouquinistes de Guinée, il y a beaucoup à faire pour bien installer la pratique de lecture et la fréquentation du livre dans le quotidien des Guinéens.
"On a un grand effort à faire parce que le Guinéen n'aime pas du tout lire", a-t-il affirmé, alors que, selon le ministère de l'Education, 35 à 40% de la population est scolarisée et lit peu, hors des ouvrages imposés par les écoles.
En dépit des difficultés, les bouquinistes ont toujours fait "la promotion du livre. Nous essayons de convaincre les Guinéens pour qu'ils achètent des livres", a assuré M. Diallo. A ses yeux, a-t-il confié, "ce qui est vraiment important, ce n'est pas d'acheter des livres, mais de lire".
Avec AFP