Des représentants de partis politiques et de la société civile du Tchad ont participé à une rencontre fin octobre, à Genève, aux côtés des Tchadiens de la diaspora et des politico-militaires sur la situation au Tchad.
La rencontre a débouché sur une déclaration commune dite "de Genève" et l’élaboration d'une charte de transition qui devrait être soumise au Conseil militaire de transition (CMT, la junte), ainsi qu'aux partenaires, pour une transition apaisée.
La charte adoptée à Genève prévoit la mise en place quatre organes de transition, dont un "Conseil républicain de transition" qui sera composé de 15 membres.
Ce conseil, selon Dr Sitack Yombatina Beni, un des participants à la rencontre de Genève, va travailler pour mettre en place une conférence nationale inclusive et souveraine puisque dans la charte actuelle, précise Dr Sitack, "la question de dialogue, ou de la conférence n’est même pas inscrite". Il n’y a donc pas d’ancrage juridique, institutionnel, ni politique, ajoute-t-il.
Le même document prévoit aussi un gouvernement de transition avec la désignation d’un Premier ministre qui sera doté de pleins pouvoirs et la mise en place d'un "Conseil national de transition" qui fera office de parlement pour organiser des élections libres, transparentes et démocratiques.
Un document qui n’est pas du goût des autorités de N’Djamena, qui depuis quelque temps proposent plutôt un "dialogue national inclusif".
Pour Abdéramane Koullamalah, ministre de la Communication, le gouvernement de transition a d'autres priorités.
"Vous voulez que le porte-parole du gouvernement perde tout son temps à répondre à ces épiphénomènes. Ils sont combien et quelle légitimité ils tirent pour mettre en place une charte de transition?", a rétorqué le porte-parole du gouvernement.
Il note avec ironie qu’il est très facile de rester en Europe et de dire qu’on va faire une charte pour les Tchadiens.
Le constitutionnaliste Ahmat Mahamat Hassan estime que le Tchad se prépare pour aller au dialogue et aucun Tchadien n’est à négliger. "C’est un rendez-vous", selon lui, "pour redéfinir des nouvelles conditions d’un Tchad nouveau".
Pour Dr Sitack Yombitina Beni, l’un des acteurs de ce projet, si cette charte proposée n’est pas prise en compte, des actions de désobéissance civile seront menées au Tchad.
" Nous allons mettre en place toute une sorte d’action en commun accord avec la diaspora tchadienne qui accepte soutenir les Tchadiens épris de paix de justice et de liberté pour faire en sorte que les actions de désobéissance civile et de résistance nationale entrent dans la tête des gens pour contraindre la junte à pouvoir remettre le pouvoir aux civils", a-t-il averti.
Plusieurs formations politiques et organisations de la société civile dénoncent la procédure avec laquelle le comité d’organisation de ce dialogue se prépare pour cette messe politique.