Les sujets de sa Majesté ont fait preuve de beaucoup d'imagination pour dire non au traumatisant Brexit, agitant des centaines de drapeaux européens bleus aux étoiles jaunes, des cœurs gonflables, avec moult slogans tels "Du fromage, pas Farage" --du nom du chef du parti Ukip, qui s'est battu pour le Brexit- "tu vas nous manquer l'UE", "Des baguettes, pas des regrets", "Vous jouez avec notre futur" ou, le plus répandu, "UE, je t'aime".
En chansons, cela donne : "Don't go brexit my heart" (en référence à "Don't go breaking my heart" d'Elton John) ou "Never gonna give EU up" (d'après "Never gonna give you up" de Rick Astley),
La foule, dont de nombreux participants ont enfilé un haut bleu, n'hésite pas à reprendre "Hey Jude" des Beatles en changeant par "EU" ou l'Ode à la joie de Beethoven, l'hymne de l'Europe.
Partis de Hyde Park, les manifestants sont remontés vers le parlement à Westminster Abbey, dessinant le parcours de "la marche pour l'Europe", ou #MarchforEurope sur les réseaux sociaux .
Là une pancarte proclame "le Brexit c'est des conneries", un peu plus loin, un manifestant tient un carton "La campagne du ‘Leave’ a menti".
"Les gens ont été influencés, mal informés et vous savez le pire ? C'est que tout ça a été organisé pour le parlement, par une partie des conservateurs, pas pour le bien du peuple britannique !" s'emporte Julie Heathcote, 47 ans, qui travaille au NHS, le service de santé public.
Son amie Sarah, 48 ans, qui a noué autour de son coup un long drapeau européen estime qu'"une grande partie de l'Angleterre est en colère", et elle veut montrer "au reste de l'Europe que nous sommes plus forts ensemble".
Tout est possible
"Dites aux Français que nous ne sommes pas ces personnes horribles et méchantes", demande Allan Waller, un analyste de 39 ans, avec sur sa poitrine un énorme coeur annonçant "Londres aime l'UE".
A ses côtés, lunettes jaunes et T-shirt bleu, David, 45 ans, réclame "un deuxième référendum, des élections législatives, et un parlement actif afin de rester en Europe". Il dénonce les arguments "fallacieux" utilisés pendant la campagne du Leave : "L'immigration ? Mais c'est le présent, merde! Habituez-vous".
Un énorme cœur écarlate voletant au-dessus d'elle, Casey, 37 ans, veut crier son "amour" pour l'Europe. Une couronne de fleurs posée sur ses cheveux courts, celle qui aimerait tant que les Britanniques "revoient" leur jugement rappelle que ce référendum n'était que "consultatif : c'est au parlement de prendre une décision maintenant".
"Wonder Europe", c'est elle : Christine Ritchie, une femme au foyer franco-britannique de 36 ans porte une combinaison, des bottes noires, des gants roses, et une perruque bleue ornée d'une couronne d'étoiles jaunes. Sur son Coeur, un autocollant "J'ai voté remain".
A chaque passage d'un bus au toit ouvert, de ceux, typiques, qui transportent les touristes dans la capitale, le cortège applaudit et lance des "EU, we love you!"
Nicholas Light, 82 ans, appelle de ses voeux un second référendum: 'Tout le monde sait que cette fois-ci, nous voterions pour rester". Selon lui, "des milliers de personnes n'ont pas voté ‘remain ou leave’, ils ont voté contre un gouvernement".
Certains se prennent déjà rêver d'un "Breverse", contraction de Brexit et "reverse" (à l'envers).
Selon un sondage Ipsos Mori pour la BBC, 16% des Britanniques ayant voté au référendum pensent que la Grande-Bretagne restera dans l'UE.
Avec AFP