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Niqabs et motos prohibés par crainte des jihadistes à Mossoul


Deux femmes voilées dans la province de Raqqa, en Irak, le 31 mars 2014.
Deux femmes voilées dans la province de Raqqa, en Irak, le 31 mars 2014.

Des foulards colorés plutôt que des niqabs noirs: au marché de Nabi Younès à Mossoul, les femmes n'ont plus le droit de porter le voile intégral, imposé par le groupe Etat islamique, pour empêcher l'infiltration de jihadistes.

Cette interdiction est désormais appliquée dans les secteurs Est de Mossoul d'où l'EI a été chassé après près de trois ans de règne sur cette deuxième ville d'Irak.

Elle a été décidée à la suite de plusieurs interpellations de jihadistes déguisés en femmes en niqab.

La police a également banni l'utilisation de motos et de gros camions à partir de 18h pour tenter d'éviter des attentats suicide, l'une des armes préférées des jihadistes.

Ces mesures semblent bien acceptées par la population.

"Personne ne veut de niqabs", affirme Abou Messaab, 50 ans, qui tient une boutique de vêtements sur ce marché populaire. "On a arrêté de commander des voiles et des niqabs", ajoute-t-il en précisant que la majorité de ses clientes réclamaient des foulards "de couleurs attractives".

Le commerçant montre du doigt deux policiers à proximité de ses étals. "Ils sont là tout le temps. Quand ils voient des femmes le visage couvert, ils leur demandent gentiment de ne plus porter le voile ("khimar") et de s'en débarrasser, car nous en avons beaucoup souffert".

Ces deux dernières années, le niqab et le khimar se sont imposés, sous la pression de l'EI. Depuis la reconquête du quartier par les forces irakiennes, l'ambiance a changé. Notamment en fin de journée, lorsque le marché de Nabi Younès grouille de monde avant le repas de rupture du jeûne de ramadan. Des policiers surveillent et se mêlent aux familles qui déambulent.

déploiement massif de la police

Sous les jihadistes, "nous n'osions pas venir sans un voile, des gants et des chaussettes noires", raconte Oum Ali, une femme de 45 ans. "Je voyais le monde derrière un tissu noir. Le monde semblait sombre. Mais dès qu'ils sont sortis, je me suis débarrassé du niqab, Dieu merci".

"Nous sommes de retour au temps d'avant-Daech", se félicite Abou Messaab, qui va pouvoir "de nouveau exposer des mannequins" pour attirer les clients.

L'interdiction du niqab a été décidée dans le cadre d'une série de mesures prises par la police de la province de Ninive, explique le colonel Talal Abdalla.

"On empêche les femmes de porter le niqab" parce que des gens de "Daech se déguisent comme des femmes (en niqab) pour se balader dans les marchés", dit-il, en faisant état de plusieurs interpellations de jihadistes ainsi vêtus.

Ces mesures incluent aussi un déploiement massif de la police, la vérification des papiers d'identité et la réactivation du rôle des "mokhtar" ("chefs de secteur"), qui doivent pouvoir renseigner sur tous les résidents de leur quartier.

"Nous avons pris ces dispositions pour minimiser ou empêcher toute infiltration ou action de la part des membres de Daech", assure le colonel. "Il est vrai qu'elles limitent la liberté mais la sécurité du citoyen est plus importante que sa liberté", ajoute-t-il, en assurant qu'elles seront levées "lorsque la ville sera totalement libérée".

Il cite ainsi l'interdiction de faire circuler motos et gros camions autour des marchés à partir de 18H00, une mesure prise après plusieurs attentats revendiqués par l'EI. Une attaque au camion piégé a ainsi fait plus de 320 morts pendant le ramadan l'an dernier à Kerrada (Bagdad).

En garant sa moto à l'entrée du marché, Ali Mahmoud, 22 ans, a bien assimilé cette interdiction. "On a parfois besoin de sa moto, mais on ne peut pas l'utiliser le soir" car les autorités "craignent que quelqu'un ne se fasse exploser".

Pour renforcer la sécurité, la police a en outre interdit l'achat de cartes SIM de téléphone mobile sans la présentation de documents d'identité.

Avec AFP

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