Un surfeur qui s'empresse de traduire pour un rival qui vient de le battre. Des adversaires du saut en hauteur qui partagent une médaille d'or plutôt que de passer à un autre round pour se départager. Deux coureurs chutent dans un enchevêtrement de jambes, puis s'entraident pour traverser la ligne d’arrivée ensemble... tant de gestes empreints d'humanité et de compassion sont notés aux Jeux olympiques de Tokyo.
Les athlètes les plus compétitifs au monde ont été filmés en train de témoigner de la douceur et de la chaleur humaine les uns envers les autres, célébrant, encourageant, essuyant les larmes de déception des uns et des autres.
Le surfeur japonais Kanoa Igarashi a certes été déçu de perdre contre le Brésilien Italo Ferreira, mais quand il a senti son adversaire lusophone en difficulté face à une question posée par un journaliste en anglais, il s'est empressé de faire l'interprète, traduisant la question en portugais. La foule a applaudi et un officiel a remercié le médaillé d'argent pour son assistance envers son adversaire. "Oui, merci, Kanoa", a déclaré à son tour Ferreira, reconnaissant.
Quelques jours plus tard, au stade olympique, l'Italien Gianmarco Tamberi et le Qatari Mutaz Barshim se sont retrouvés dans une situation dont ils avaient parlé mais qu'ils n'avaient jamais vécue : ils étaient à égalité. En finale. Ils auraient pu opter pour un dernier round pour se départager, mais ils ont plutôt choisi de partager la médaille d'or. Ce qui a été fait.
"Je sais pertinemment que pour la performance que j'ai faite, je mérite la médaille d'or. Comme il a combattu autant que moi, je sais que lui aussi méritait cette médaille d'or", a déclaré Barshim. "C'est au-delà du sport. C'est le message que nous délivrons à la jeune génération", a-t-il ajouté.
Plus tôt, sur la même piste, les coureurs Isaiah Jewett des États-Unis et Nijel Amos du Botswana se sont emmêlés et sont tombés lors des demi-finales du 800 mètres. Plutôt que de se mettre en colère, ils se sont mutuellement aidés à se relever et, chacun passant un bras autour de l'épaule de l’autre, ils ont terminé la course ensemble.
Après une victoire acharnée en trois sets lors de la finale du tournoi de beach-volley samedi à Shiokaze Park, la Brésilienne Rebecca Cavalcanti a aidé une joueuse de l'équipe adverse, l'Américaine Kelly Claes, en versant de l'eau sur son dos pour la rafraîchir alors que cette dernière était devant des journalistes pour des interviews tout juste après le match. Pourtant, l'équipe américaine venait de battre le Brésil.
Après le triathlon féminin éprouvant la semaine dernière à Tokyo, la Norvégienne Lotte Miller, qui s'est classée 24e, a pris un moment pour offrir des encouragements à la Belge Claire Michel, inconsolable et affalée au sol, en sanglots.
Pour ces premières olympiades sous le sceau de la distanciation physique et des bulles sociales dues au covid, ces gestes spontanés de bienveillance ne passent pas inaperçus. Ils nous rappellent, avant tout, que malgré nos nationalités différentes, nos croyances divergentes et même de nos rivalités d'équipe, au final, c'est l'humanité qui gagne.