"Au démarrage du projet en 2019, il n'était prévu que de rénover deux salles pour 3,5 millions d'euros mais une analyse a démontré que c'était impossible sans toucher au reste des bâtiments", a expliqué mardi à l'AFP Ghada Jellali, architecte responsable du "projet Carthage".
Désormais, l'enveloppe a grimpé à 12 millions auxquels s'ajoutent d'autres financements étrangers pour développer le tourisme et l'artisanat sur l'ancienne "Acropole de Byrsa", en banlieue nord de Tunis.
La riche collection du musée, fort de plus de 100.000 pièces allant des ères punique puis romaine jusqu'au 20e siècle en passant par les invasions barbares et l'époque byzantine, ne sera pas visible avant sa réouverture fin 2026.
Pour autant, le site, sur lequel sont disséminés à l'air libre des vestiges antiques et le cénotaphe de Saint Louis (roi de France mort à Carthage de la peste en 1270), restera accessible avec sa vue panoramique sur la Baie de Tunis pendant les travaux devant démarrer en juin 2025.
Pour faire patienter les amateurs d'art, une première exposition temporaire permet d'admirer une dizaine de mosaïques et de s'immerger dans le projet de musée rénové, confié aux architectes du cabinet allemand Bez+Kock Architekten.
Ces derniers sont les lauréats du "tout premier concours international d'architecture jamais organisé en Tunisie", se félicite Mme Jellali. Ils ont été choisis sur la base de candidatures anonymes par un jury de 10 architectes de huit nationalités différentes.
Les 93 autres projets non retenus sont exposés sur des panneaux accessibles à l'oeil averti comme au grand public, alternant avec des vidéos explicatives.
Les lauréats "ont découvert le site à la remise des prix. Ils ont bâti leur projet comme beaucoup d'autres avec des images de drone qu'on montre en début de l'exposition", souligne Pauline Lecointe d'Expertise France, coordinatrice de la mise en oeuvre technique.
Le projet Bez+Kock conserve l'ancien séminaire datant de 1885 des Pères Blancs – congrégation de missionnaires catholiques en Afrique –, la majestueuse cathédrale Saint-Louis (1890) désacralisée à l'indépendance, et "la salle du Père Delattre", l'archéologue qui a fait découvrir le site de Carthage.
Le site sera en revanche "nettoyé de bâtiments des années 90 dépourvus d'intérêt historique et en état de délabrement avancé", souligne Mme Lecointe. Au terme du projet, le musée disposera de trois fois plus d'espace d'exposition (2.200 m2) qu'auparavant, d'un restaurant et d'espaces extérieurs entièrement réaménagés.
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