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A Washington, l'Amérique des minorités exprime sa peur


Les policiers utilisent du gaz lacrymogène sur les manifestants à Washington, le 20 janvier 2017.
Les policiers utilisent du gaz lacrymogène sur les manifestants à Washington, le 20 janvier 2017.

Dans les rues de Washington, des militants des quatre coins de l'Amérique sont venus exprimer, de manière colorée et parfois violente, les peurs de l'Amérique des minorités face au nouveau président Donald Trump.

Des affrontements ont opposé près du Capitole la police et plusieurs centaines de jeunes manifestants portant pour nombre d'entre eux vestes à capuche et foulards noirs caractéristiques du groupe Black Block, un mouvement radical et souvent violent.

Des vitrines et des voitures endommagées étaient visibles.

D'autres échauffourées ont été signalées un peu plus tard au coeur de Washington, où environ 400 à 500 manifestants lançaient des projectiles sur des policiers en combinaison anti-émeute, non loin de la Maison Blanche. La police de la ville a indiqué en début d'après-midi avoir interpellé "environ 95 personnes".

"Les dommages aux biens ne me dérangent pas", a expliqué sur place Scout Holiday, 21 ans, une étudiante à l'université du Michigan.

"C'est ce qui arrive quand les gens sont en colère, et il y a un sacré nombre de raisons d'être en colère aujourd'hui", a-t-elle ajouté.

A un autre point de rendez-vous des manifestants, ou ceux-ci dansaient et chantaient pacifiquement, Sammy Lett, venu en bus du Wisconsin, a expliqué son inquiétude, drapé dans un grand drapeau arc-en-ciel de la communauté homosexuelle.

"Tous ceux qui ne sont pas des hommes blancs hétérosexuels ont des raisons d'être inquiets", a-t-il dit. "On vit une époque très effrayante de l'histoire de notre pays. Trump n'a aucun contrôle de soi, il viole les droits les plus élémentaires des gens".

Shelley Boddie, une femme noire venue de la banlieue de Washington, était elle très émue.

"Je ne peux pas croire qu'on soit revenus à ce stade", a-t-elle déploré. "Je ne veux pas laisser notre pays revenir aux années 1960, avec le racisme et les droits des gens foulés aux pieds", a-t-elle ajouté, se mettant à sangloter.

Donald Trump a choisi comme conseiller en stratégie Steve Bannon. Cet homme est proche de "la droite alternative", un mouvement associé aux idées nationalistes et partisan de la supériorité de la "race blanche".

Le 45e président américain va mener ce pays "dans la querelle, la division, et ce n'est pas ça l'Amérique", a estimé Carl, un jeune Noir venu de la Virginie voisine.

"A chaque fois qu'il parle à la télévision, il a quelque chose à dire contre quelqu'un", a relevé le jeune homme.

'Féministes impénitentes'

Pas loin de Pennsylvania avenue, la grande avenue reliant la Maison Blanche au Congrès, des anti-Trump --pour la plupart assez jeunes-- bloquaient le passage aux pro-Trump --en général plus âgés-- venus applaudir leur champion.

"Honte, honte", criaient les premiers aux pro-Trump qui tentaient de passer avec leurs casquettes, bonnets ou écharpes aux couleurs de la campagne Trump.

"Je veux joindre ma voix à tous ceux qui s'élèvent contre le racisme, le sexisme, l'oppression sous toutes ses formes, et travaillent pour un monde meilleur", a affirmé non loin Nadine Block, une quinquagénaire venue du quartier bourgeois-bohème de Tacoma Park.

Noel, une jeune femme aux cheveux ras qui habite à Washington, a assuré faire partie des "féministes impénitentes".

"Trump n'a pas de mandat, il y a tellement d'Américains qui s'opposent à la misogynie et au patriarcat", a-t-elle dit.

Donald Trump a scandalisé beaucoup d'Américaines avec la divulgation en octobre d'une ancienne vidéo, dans laquelle il se vantait en termes crus de notamment pouvoir se payer les femmes qu'il voulait.

Daniel, 19 ans, est venu de New York protester contre "l'oligarchie" au pouvoir aux Etats-Unis, qu'il s'agisse des républicains ou des démocrates.

"Je veux pousser le spectre politique américain vers la gauche, et cela inclut réformer le parti démocrate", a-t-il expliqué, arborant des autocollants en faveur de Bernie Sanders, le rival malheureux d'Hillary Clinton à la primaire démocrate.

Deux hommes portant des croix hautes de plusieurs mètres tentaient d'apporter un peu de sérénité à ce coin de rue agité.

"Nous ne sommes pas des manifestants. Nous sommes juste là pour partager l'amour de Jésus", a assuré Gary Don Holley, un quadragénaire venu du Texas.

Avec AFP

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