Les négociateurs républicains ont publié dans la soirée le texte gigantesque, négocié depuis des semaines et publié avec plusieurs jours de retard, devant porter les dépenses militaires à 700 milliards de dollars et le reste des dépenses du gouvernement à 591 milliards, pour l'année se terminant le 30 septembre prochain, soit près de 1.300 milliards, en hausse par rapport à l'année précédente.
Le Pentagone connaît sa plus forte hausse budgétaire depuis 15 ans, se sont félicités les républicains.
Il reste deux jours au Congrès, avant vendredi soir minuit, pour adopter ce texte et éviter une fermeture des administrations ("shutdown"). La Chambre votera en premier, suivie du Sénat, selon un calendrier non encore calé.
Chaque camp a dû renoncer à certaines de ses priorités.
Le compromis trouvé inclut finalement seulement 641 millions de dollars pour la construction d'une cinquantaine de kilomètres de barrières à la frontière avec le Mexique, ont souligné les démocrates, qui estiment avoir arraché une victoire en ayant inscrit noir sur blanc que seule la construction du même type de barrière qui existe déjà était autorisée - et non le haut mur en béton que Donald Trump exige.
Mais le texte n'inclut aucune mesure de régularisation pour les jeunes sans-papiers dont l'avenir est incertain.
Un article réformant le système de vérification des antécédents criminels et psychiatriques avant l'achat d'une arme à feu a été inclus. Et l'interdiction de la recherche fédérale sur la violence par armes à feu va être levée, une ancienne revendication des démocrates.
Des centaines de millions de dollars supplémentaires ont été débloqués pour le budget du FBI de lutte contre les cyberattaques russes et pour aider les autorités électorales des Etats à mieux se protéger contre les pirates.
"Chaque loi nécessite des compromis, et il y en a eu beaucoup ici, mais in fine, nous les démocrates sommes satisfaits, car nombre de nos priorités pour la classe moyenne ont été retenues", a déclaré le chef de la minorité démocrate du Sénat, Chuck Schumer.
Les républicains, qui ont la majorité dans les deux chambres du Congrès mais doivent s'accommoder de la minorité de blocage des démocrates au Sénat, insistaient de leur côté sur la hausse historique du budget de la Défense.
"Cette loi remplit notre promesse de reconstruire l'armée américaine", s'est félicité Paul Ryan, le président de la Chambre.
Reste désormais à faire adopter le texte sans délai. Les ultra-conservateurs de la Chambre ont déjà annoncé leur opposition, ainsi que certains démocrates - pour des raisons distinctes.
"On n'a toujours pas vu le détail de la loi, et ils veulent qu'on vote demain?" s'étranglait quelques heures plus tôt l'élu issu du Tea Party Justin Amash, sur Fox News, dénonçant l'opacité entourant la rédaction du texte. Tout en se disant choqué de l'augmentation actée des dépenses publiques et du déficit. "On creuse la faillite de ce pays", a-t-il dit.
Quant aux défenseurs des sans-papiers chez les démocrates, beaucoup devraient voter contre.
"Je vote contre car je suis opposé aux expulsions continues des immigrés et de leurs familles, alors qu'ils contribuent aux villes comme la mienne, Chicago", a déclaré l'élu Luis Gutierrez.
Avec AFP