Liens d'accessibilité

Dernières nouvelles

Signature sous l'égide de l'ONU d'un accord interlibyen contesté


Des écoliers libyens jouent dans la cour de l'école al-Bashayer dans la ville côtière de Benghazi le 13 Décembre 2015. (Photo AFP/Abdullah Doma)
Des écoliers libyens jouent dans la cour de l'école al-Bashayer dans la ville côtière de Benghazi le 13 Décembre 2015. (Photo AFP/Abdullah Doma)

Des députés et des hommes politiques libyens ont signé jeudi au Maroc un accord parrainé par l'ONU pour sortir le pays du chaos, malgré l'objection des deux Parlements rivaux qui l'ont rejeté d'avance.

S'inquiétant de la progression du groupe jihadiste Etat islamique (EI) en Libye et de la porosité des frontières permettant le départ de milliers de migrants vers l'Europe, la communauté internationale a fait le forcing pour cet accord qui prévoit principalement la formation d'un gouvernement d'union.

Depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est plongée dans la tourmente avec des combats entre milices armées et deux Parlements et deux gouvernements se disputant le pouvoir.

"C'est un jour historique pour la Libye", a lancé l'émissaire de l'ONU Martin Kobler, présent à la cérémonie de signature au côté de diplomates et ministres des Affaires étrangères arabes à Skhirat près de Rabat.

L'ONU tente depuis des mois de faire signer cet accord même si sa mise en application est loin d'être acquise tant les divergences entre les protagonistes sont profondes et les intérêts éloignés.

L'accord a été signé par des membres des Parlements rivaux -l'Assemblée basée à Tobrouk (est) et reconnue par la communauté internationale et le Congrès général national (CGN) siégeant à Tripoli- ainsi que par des hommes politiques et des représentants de la société civile, selon un journaliste de l'AFP sur place.

Environ 80 des 188 membres du Parlement de Tobrouk l'ont signé, ainsi qu'environ 50 des 136 députés du CGN, ont indiqué des participants.

L'accord prévoit la mise en place d'un gouvernement d'union nationale et d'un conseil présidentiel, au début d'une période de transition de deux ans qui devra s'achever par des élections législatives.

"La porte est toujours ouverte pour tous ceux qui n'étaient pas ici aujourd'hui (...) Ce n'est que le début d'un long parcours pour la Libye", a dit M. Kobler. "L'alternative est bien pire".

L'un des signataires libyen de l'accord, Saleh el-Makhzoum, a parlé "d'un tournant décisif (...) sur la voie de la construction de l'Etat", et d'un "premier pas vers le rétablissement de la stabilité".

Il s'est présenté comme représentant le CGN, bien que cette instance a publié mercredi, après une séance en présence de 73 des 136 députés, un communiqué affirmant n'avoir délégué aucun de ses membres au Maroc.

"Celui qui n'a pas été mandaté par le CGN pour signer ou parapher un accord en son nom est, et restera, sans légitimité", a dit le président du CGN, Nouri Abou Sahmein, devant les députés, en rejetant le gouvernement proposé par l'ONU.

Mardi à Malte, M. Abou Sahmein avait rencontré Aguila Saleh, le président du Parlement reconnu, pour la première fois depuis l'établissement en 2014 du pouvoir parallèle à Tripoli.

Tous deux ont affirmé que ceux qui signeraient l'accord à Skhirat ne le feraient qu'à titre individuel et non au nom de leur Parlement respectif.

- Trois gouvernements? deux accords? -

Début octobre à Skhirat, des membres des deux Parlements avaient approuvé un projet d'accord négocié sous l'égide de l'ONU, qui a été ensuite rejeté par leur Parlement respectif.

Les chefs des deux assemblées rivales poussent eux pour l'adoption d'une "déclaration de principes" interlibyenne sur un gouvernement d'union, signée début décembre à Tunis entre des représentants des deux Parlements, un processus alternatif à celui de l'ONU.

Face à ce désordre politique, la mission de l'ONU pour la Libye n'a pas dit comment elle comptait mettre en oeuvre l'accord, ni comment le gouvernement d'union pourrait travailler si les deux gouvernements rivaux restaient en place.

"Nous ne comprenons pas comment cela va se passer, mais il est sûr que (l'accord) ne fera que compliquer la situation", a déclaré à l'AFP Mahmoud Abdelaziz, membre du CGN, hostile à l'accord.

Il y a "en Libye deux gouvernements et deux Parlements. Maintenant nous allons nous doter d'un troisième gouvernement au lieu de réunir les deux autorités rivales", a-t-il déploré.

Pour M. Kobler, la signature de l'accord favoriserait une assistance étrangère à la Libye, notamment militaire, pour l'aider à lutter contre le terrorisme. "Une levée de l'embargo sur l'armement requiert un (seul) gouvernement".

Dans une première réaction à l'étranger, le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a salué l'accord et appelé "à la constitution d'un gouvernement d'unité nationale (...) qui devra s'installer dans les meilleurs délais à Tripoli. C'est la condition pour faire reculer le terrorisme".

Avec AFP

XS
SM
MD
LG