"Je fais l'objet d'une calomnie, je ne souhaite à personne d'être accusé à tort et je ne souhaite même pas à mon pire ennemi d'être victime de la chasse à l'homme à laquelle je suis aujourd'hui l'objet", a déclaré M. Darmanin sur la radio Europe 1.
La nomination à l'Intérieur lors du remaniement gouvernemental du 6 juillet de M. Darmanin, issu de la droite et jusque-là ministre des Comptes publics, suscite la colère de féministes et les critiques d'une partie du monde politique.
Dans une tribune publiée mercredi par le quotidien Le Monde, un collectif de 91 "militantes, intellectuelles, femmes politiques féministes" estime que "ce remaniement du gouvernement français représente un virage politique antiféministe, dont la portée dépasse largement les frontières de la France".
M. Darmanin a rappelé que trois décisions de justice "ont conclu à l'absence totale d'infraction".
Il estime que les critiques et polémiques le visant étaient sous-tendues par "des raisons politiques" qui chercheraient "à affaiblir (...) le gouvernement du président de la République" qu'il a remercié de son soutien comme le Premier ministre et la majorité parlementaire.
Lors d'une interview le 14 juillet, le président Emmanuel Macron a défendu la nomination de Gérald Darmanin au nom de la présomption d'innocence.
M. Darmanin a été accusé en 2017 de viol par une femme, Sophie Patterson-Spatz, qui avait été condamnée en 2004 pour chantage et appels malveillants contre un ex-compagnon.
Elle l'avait sollicité en 2009, lorsqu'il était chargé de mission au service des affaires juridiques de l'UMP (parti devenu LR, droite), pour tenter de faire annuler cette condamnation.
Selon ses déclarations, M. Darmanin lui aurait fait miroiter son appui et elle se serait sentie contrainte de "passer à la casserole", ainsi qu'elle l'a expliqué aux enquêteurs. M. Darmanin a reconnu avoir eu une relation sexuelle avec cette femme, mais selon lui, librement consentie.
Classée sans suite dans un premier temps, la procédure a été relancée par la cour d'appel de Paris qui a demandé début juin de nouvelles investigations.
Mercredi, le nouveau Premier ministre français Jean Castex a dénoncé des "dérives inadmissibles", face aux critiques relayées par une sénatrice socialiste concernant la nomination de M. Darmanin.
"M. Darmanin a droit au respect des principes de la République, comme tous les citoyens. Nous assistons à des dérives qui sont inadmissibles, je le dis ici avec solennité et gravité", a lancé M. Castex lors des questions d'actualité au Sénat.
La sénatrice socialiste Murielle Cabaret a reproché au Premier ministre son "soutien sans faille au ministre de l'Intérieur, sans même attendre la fin de la procédure judiciaire". Elle a pointé ce qu'elle considère être "une erreur éthique et politique d'une violence symbolique inouïe", qui reviendrait, selon elle, à considérer que "M. Darmanin est innocent, que la victime ment, au mépris des principes d'équité du contradictoire et d'équilibre entre les parties", tout en se disant "très attachée à la présomption d'innocence".
Jean Castex lui a répondu que "ça n'est pas M. Darmanin (qu'il) défend" mais "les principes fondamentaux de l'Etat de droit".
"C'est en mon âme et conscience que j'ai fait cette proposition (de nommer M. Darmanin ministre de l'Intérieur)", a ajouté le chef du gouvernement. "Votre intervention, madame, suppose donc que j'aurais biaisé avec ma conscience, et ça je ne vous autorise pas à le dire", a-t-il ajouté à l'endroit de la sénatrice.