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Adoption d’un nouveau code pénal dénoncé comme liberticide


Une avenue principale à Ouagadougou, Burkina, le 7 mai 2019. (VOA/Lamine Traoré)
Une avenue principale à Ouagadougou, Burkina, le 7 mai 2019. (VOA/Lamine Traoré)

L'Assemblée nationale du Burkina Faso a adopté vendredi un nouveau code pénal condamnant de peines allant jusqu'à 10 ans de prison la diffusion d’informations sur les opérations militaires, dénoncé par des journalistes et des ONG comme liberticide.

Voté par 103 députés sur 127, ce nouveau code pénal réprime "la publication d’images des attaques contre les forces de défense et de sécurité et les victimes de crimes de terrorisme", ainsi que "les atteintes au moral des troupes engagées dans la lutte contre le terrorisme", selon le député Bernard Somé.

"Il s’agit de contrôler l’information pour éviter que celle-ci ne soit un instrument de propagande des terroristes’’, a-t-il assuré.

Le Burkina Faso, frontalier du Mali et du Niger, est le théâtre d'attaques jihadistes croissantes depuis 2015, notamment dans le nord et l'est du pays, qui ont fait plus de 450 morts. La capitale, Ouagadougou, a aussi été touchée par trois attaques ayant fait une soixantaine de morts.

Le code comporte de nouvelles dispositions pour que "les opérations et les points stratégiques des forces de défense et de sécurité ne puissent pas être révélés’’, a expliqué le ministre de la Justice, René Bagoro.

Les députés de trois groupes parlementaires de l'opposition ont claqué la porte de l'hémicycle lors du débat pour dénoncer une concertation insuffisante.

Le secrétaire général de l’Association des journalistes du Burkina, Guézouma Sanogo, a dénoncé une "caporalisation de l’information relatives aux actes terroristes et un bâillonnement de la presse nationale’’.

‘’Le droit pénal ne peut en aucun cas être utilisé pour criminaliser le travail d’information, d’intérêt public’’, a soutenu le directeur exécutif du Centre d’information et de formation en matière de droits humains en Afrique (Cifdha), Urbain Yaméogo.

«Si la loi est votée, un utilisateur des réseaux sociaux, un journaliste ou un défenseur des droits humains pourrait encourir jusqu’à 10 ans de prison uniquement pour avoir relaté une information liée aux opérations militaires», avait averti lundi, avant l'examen de la loi, le directeur exécutif d’Amnesty International au Burkina Faso, Yves Boukari Traoré.

Ce nouveau code pénal "liberticide" va restreindre "les libertés d’expression et de presse et le droit à l’information au Burkina Faso", selon un communiqué commun d'Amnesty, du Cifdha et de l’Association des bloggeurs du Burkina.

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