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Adoption du statut spécial pour les régions anglophones en crise


Bamenda, chef-lieu des provinces anglophones au Cameroun.
Bamenda, chef-lieu des provinces anglophones au Cameroun.

Les députés camerounais ont adopté mercredi un projet de loi sur la décentralisation accordant un statut spécial aux deux régions anglophones du Cameroun, où se déroule depuis plus deux ans un conflit meurtrier opposant l'armée à des séparatistes, selon la radio natioale.

Ces régions seront désormais autorisées, si la loi est approuvée par le Sénat et promulguée, à élaborer des politiques publiques dans les domaines de l'éducation et de la justice, a précisé la radio camerounaise.

Ce statut spécial est la principale recommandation sur laquelle s'étaient entendus les participants d'un grand dialogue national convoqué par le président Paul Biya début octobre, pour mettre fin à cette crise qui a fait plus de 3.000 morts.

Au moment où de nombreuses voix s'élevaient pour critiquer le peu de suites législatives données à ce grand dialogue, l'Assemblée nationale s'etait réunie en session extraordinaire vendredi enfin d'examiner ce projet de loi.

Dans ces régions vivent la plupart des anglophones du Cameroun, qui s'estiment lésés par rapport à la majorité francophone du pays. La crise a commencé en novembre 2016, avec essentiellement des revendications d'enseignants ou de juristes, réclamant plus de représentativité pour les anglophones. Ils demandaient pour la plupart un retour au fédéralisme, mais une minorité exigeait l'indépendance et la proclamation d'un nouvel Etat, l'Ambazonie.

Mais face à l'intransigeance de Yaoundé et à la répression des manifestations pacifiques, le conflit s'est durci. Fin 2017, une partie des séparatistes ont pris les armes.

Depuis, les combats font rage entre l'armée et ces groupes armés, prenant en tenaille la population. Depuis deux ans, plus de 700.000 personnes ont dû fuir leur domicile.

Après plus de deux ans de conflit, Yaoundé s'était décidé fin septembre, sous la pression internationale, à organiser ce dialogue pour résoudre la crise.

Le boycottage de cette rencontre par les principaux chefs indépendantistes n'avait pas empêché les participants de préconiser une décentralisation par la création de ce "statut spécial". Une proposition très éloignée des aspirations fédéralistes, pour les plus modérés, et indépendantistes pour les groupes armés, mais qui avait fait souffler l'espoir d'un retour à la prix après deux ans d'inaction.

Ces discussions n'ont toutefois pas permis jusqu'ici de ramener la paix. Pis, les combats et les violences commises contre les civils se sont intensifiés, ont rapporté début décembre plusieurs ONG.

Des élections législatives doivent se tenir au Cameroun en février 2020, mais les deux principaux partis d'opposition ont annoncé leur intention de boycotter le scrutin, rendu peu crédible à leurs yeux du fait des combats dans ces deux régions.

Avec AFP

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