"Je vais suivre" Jérôme Garcin, le journaliste qui a démissionné du prix Renaudot début mars, a indiqué J.M.G Le Clézio au journal Le Figaro.
L'écrivain a affirmé qu'il s'était opposé "avec force" à l'attribution du prix à Gabriel Matzneff en 2013. "On ne m'a pas écouté", a-t-il déploré.
"Séraphin, c'est la fin!", le livre pour lequel Matzneff a recu le prix Renaudot, est "une apologie du viol", a estimé le prix Nobel de littérature. "Je l'ai lu avec beaucoup de dégoût", a-t-il insisté.
Comme Jérôme Garcin, il souhaite que le jury du Renaudot soit féminisé. Composé de dix membres, le jury du Renaudot ne compte actuellement qu'une seule femme.
Le prix Renaudot a été pris dans la tourmente de l'affaire Matzneff, après la publication début janvier d'un roman autobiographique de l'éditrice Vanessa Springora ("Le consentement"), dans lequel elle dénonce les ravages de sa relation sous emprise avec l'écrivain, pédophile revendiqué, dans les années 80. Elle avait alors à peine 14 ans et lui près de 50 ans.
L'écrivain de 83 ans, qui a longtemps revendiqué son attirance pour les "moins de 16 ans" et le tourisme sexuel en Asie, a affirmé fin janvier "regretter" ses pratiques pédophiles passées, tout en faisant valoir qu'"à l'époque", "jamais personne ne parlait de crime".
Visé par une enquête pour viols sur mineurs, il s'est réfugié en Italie quand le scandale a éclaté. Il doit être jugé en septembre 2021 en France pour "apologie" de pédophilie.
Près de trois mois après la publication du "Consentement", une autre femme ayant eu, adolescente, une relation sous emprise avec Gabriel Matzneff, Francesca Gee, est sortie du silence en accordant un entretien au New York Times.
Francesca Gee, 62 ans, revient sur les trois années passées auprès de l'écrivain, alors qu'elle avait 15 ans et lui 37, puis comment il a utilisé, contre son gré, son image et ses lettres dans ses écrits, y compris son essai défendant la pédophilie "Les moins de seize ans".