Liens d'accessibilité

Dernières nouvelles

Affaire Paul Rusesabagina: Bras de fer entre Washington et Kigali


Le héros du film "Hôtel Rwanda" Paul Rusesabagina, en uniforme rose de détenu, arrive de la prison de Nyarugenge avec des agents du Service correctionnel du Rwanda à la Cour de justice de Nyarugenge à Kigali, au Rwanda, le 25 septembre 2020.
Le héros du film "Hôtel Rwanda" Paul Rusesabagina, en uniforme rose de détenu, arrive de la prison de Nyarugenge avec des agents du Service correctionnel du Rwanda à la Cour de justice de Nyarugenge à Kigali, au Rwanda, le 25 septembre 2020.

La saga autour de Paul Rusesabagina, le héros du film Hotel Rwanda, a pris la tournure d’une prise de bec diplomatique entre Washington et Kigali.

Les autorités rwandaises ont opposé mercredi une fin de non-recevoir à la demande d'une députée américaine de libérer M. Rusesabagina, arrêté en août dans des circonstances difficiles à déterminer et transporté vers son Rwanda natal, où il est emprisonné.

M. Rusesabagina, 66 ans, est inculpé de 13 chefs d’accusation pénales pour ses liens présumés avec le FLN, la milice que le gouvernement rwandais accuse de terrorisme. Un juge de la cour d'appel de Kigali a rejeté en octobre dernier la demande de mise en liberté provisoire de M. Rusesabagina au motif qu'il pourrait fuir le pays.

Dans une lettre datée du 16 décembre, dont VOA Afrique a reçu copie, le ministre de la justice Johnston Busingye répond à une correspondance de la représentante. Selon le ministre de la justice, il n'appartient pas au président Paul Kagame de faire libérer un prévenu. "Au Rwanda, le système judiciaire est indépendant", écrit-il, tout en précisant que "son arrestation et le procès en cours sont basés sur des faits que l'intéressé n’a jamais nié".

La lettre du ministre intervient deux jours seulement après que Carolyn Maloney, une démocrate qui représente une circonscription de l'Etat de New York, a envoyé une lettre au chef de l’État rwandais par laquelle elle exige la "libération immédiate" de M. Rusesabagina qui, pour elle, a été "kidnappé".

La représentante Carolyn Maloney au National Press Club à Washington, le mardi 12 avril 2016.
La représentante Carolyn Maloney au National Press Club à Washington, le mardi 12 avril 2016.

Dans sa lettre, Mme Maloney, membre du parti majoritaire de la chambre basse du parlement bicaméral américain, rappelle à M. Kagame que Paul Rusesabagina est un résident permanent des États-Unis. Elle exprime également des inquiétudes quant à sa santé et à la nécessité de retrouver sa famille aux États-Unis. "M. Rusesabagina est connu pour avoir sauvé 1.268 personnes durant le génocide rwandais de 1994", écrit-elle.

"M. Rusesabagina et 18 autres co-accusés ont été inculpés de 9 crimes graves", retorque le ministre, qui précise que l’intéressé fait l’objet d’un mandat d’arrêt international qui date de plusieurs années. "La Cour a retenu la date du 26 janvier 2021 pour la début de leur procès", ajoute-t-il.

Il a également rejeté les allégations concernant les circonstances de l'arrestation de Paul Rusesabagina : "Il a quitté Dubaï volontairement par jet privé et il en est descendu de son propre gré en territoire rwandais", a-t-il écrit.

Entre temps, la famille de M. Rusesabagina a porté plainte contre la compagnie aérienne GainJet devant un tribunal de San Antonio, au Texas, pour son rôle dans ce qu’elle considère comme un enlèvement pur et simple. GainJet est une des principales compagnies mondiales de charters de jets privés. Son siège est à Athènes, en Grèce.

Selon Bob Hilliard, l’un des avocats de M. Rusesabagina, le gouvernement rwandais et GainJet ont conspiré pour "l'extradition illégale, la détention arbitraire et la torture" de son client.

D’après Me Hilliard, M. Rusesabagina avait été transporté par avion contre sa volonté de Dubaï, aux Émirats arabes unis, vers Kigali. Il cite, entre autres preuves, le fait que c’est le gouvernement du Rwanda qui a payé les factures de GainJet.

XS
SM
MD
LG