Le dirigeant qatarien est mis en cause par la justice suisse pour "corruption" et également visé par une enquête de la Fifa, alors que le club parisien est lui la cible d'une enquête de l'UEFA sur le fair-play financier.
C'est grave? Concernant l'enquête de la Fifa, un bon connaisseur du fonctionnement de l'instance internationale a confié à l'AFP "douter que la commission d'éthique agisse" contre Nasser Al-Khelaifi.
Et de source proche du PSG, on plaide auprès de l'AFP que les récents développements n'ont "pas d'impact" sur le club. "C'est une enquête en cours, Nasser Al-Khelaïfi est (cité) en tant que président de beIN Media. Cela n'a pas de lien avec le PSG, il n'y a donc pas de panique chez les sponsors, ni au club d'ailleurs".
Le PSG doit quand même augmenter ses revenus et équilibrer son budget après les transferts records de Neymar et Mbappé cet été (plus de 400 M EUR dépensés) pour éviter une sanction de l'UEFA au titre du fair-play financier. Et, pour cela, son image de marque est son plus grand atout.
Or, "NAK" est soupçonné par la justice suisse de "corruption privée" dans l'attribution des droits médias de plusieurs Coupes du monde, notamment au moyen, selon la police italienne cette fois, d'une villa en Sardaigne. Celle-ci aurait été mise à disposition de Jérôme Valcke, ancien N.2 de la Fifa, également mis en cause dans cette affaire.
Valcke assure avoir "payé la location" selon son avocat, et l'entourage du Qatarien a plaidé auprès de l'AFP que "les droits télé en cause ne concernent que la zone Moyen-Orient/Maghreb, or dans ces pays là, beIN Media n'a aucune concurrence. Pourquoi Nasser Al-Khelaïfi aurait voulu corrompre certains protagonistes alors qu'il n'avait pas de concurrent?".
- 'Jamais une bonne nouvelle' -
Reste qu'"en soi, ce n'est jamais une bonne nouvelle pour les entreprises qui sont liées à une personne inquiétée dans une affaire mais, comme dans le cas d'Uli Hoeness (président du Bayern Munich) où c'était un problème fiscal personnel, ce n'est pas un problème qui est lié à l'activité du club, donc cela ne touche pas réellement leur valeur", renchérit auprès de l'AFP Vincent Chaudel, expert de l'économie du sport pour le cabinet Wavestone.
Le PSG, qui a généré un chiffre d'affaires estimé à 520,9 millions d'euros en 2015-16 par le cabinet Deloitte, espère une augmentation de 20 à 40% de ses revenus à court et moyen terme pour éviter une sanction de l'UEFA via notamment le levier "sponsoring".
Mais Nike et la compagnie aérienne Fly Emirates, les deux partenaires principaux du PSG à hauteur de 40 M EUR selon les estimations de la presse, ne risquent-ils pas de profiter de la situation pour négocier une potentielle revalorisation de contrats en position de force?
"Lionel Messi (égérie du concurrent Adidas, NDLR) ne va pas basculer chez Nike à court terme et Cristiano Ronaldo ne vas pas quitter le Real Madrid (équipé par Adidas, NDLR) à court terme, donc la meilleure option pour Nike dans les années à venir c'est que Neymar soit Ballon d'Or dans un +club Nike+, c'est-à-dire le PSG. Nike, son intérêt est de valoriser (son contrat)", estime Vincent Chaudel.
"Fly Emirates est dans une position où ils savent qu'aujourd'hui le sponsor maillot du PSG vaut plus que 25 M EUR par an en valeur intrinsèque. Dorénavant, on est sur un club candidat à la Ligue des champions, et ces clubs-là aujourd'hui vendent leur +sponsoring maillot+ entre 50 et 80 M EUR", ajoute-t-il.
- Les précédents du Bayern et du Barça -
Les précédents laissent par ailleurs à penser que même un hypothétique changement à la présidence n'aurait pas d'impact sur les négociations. "L'affaire qui a emmené Uli Hoeness en prison, cela n'a pas empêché le Bayern de renouveler ses contrats publicitaires, d'attirer des joueurs ou de gagner des compétitions", souligne encore Vincent Chaudel.
Le président du Bayern Munich avait été condamné en 2014 à trois ans et demi de prison ferme pour avoir fraudé le fisc à hauteur de 28,5 M EUR, et pourtant le club allemand a réussi entretemps à devenir le 2e club européen à générer les plus importants revenus commerciaux (342,6 M EUR l'an dernier selon Deloitte).
De la même manière, les mises en examen pour escroquerie de Sandro Rosell et Josep Maria Bartomeu, ancien et actuel président du FC Barcelone, dans le cadre du transfert de Neymar en provenance de Santos, n'ont eu aucune incidence dans la réalisation des contrats XXL avec le groupe japonais Rakuten (estimé à 55 M EUR par an) et l'équipementier Nike (au moins 150 M EUR par saison à partir de 2018).
De quoi rassurer les supporters parisiens?