Les précipitations records qui ont atteint depuis le weekend dernier un niveau jamais connu depuis plus de 60 ans, ont laissé derrière elles des paysages dévastés.
Ponts effondrés, routes submergées, à certains endroits autour de la ville portuaire de Durban, première ville du Kwazulu-Natal (KZN, est) et épicentre de la catastrophe, les glissements de terrain ont laissé de géantes brèches dans la terre comme fendue par les torrents d'eau.
"Nos morgues sont soumises à une certaine pression, mais nous faisons face. Hier soir, tard dans la nuit, nous avons reçu quelque 253 corps dans deux morgues distinctes" de l'agglomération, a déclaré dans une interview télévisée Nomagugu Simelane-Zulu, représentant du département de la Santé dans la province.
Des dizaines de personnes sont portées disparues, les secouristes ont décrit "un cauchemar".
Le président Cyril Ramaphosa s'est rendu dans la matinée auprès de familles endeuillées. A Clermont, une banlieue pauvre de Durban, il a promis l'aide du gouvernement à un père de famille qui a perdu ses quatre enfants, ensevelis dans l'effondrement d'un pan de leur maison.
Les mains jointes, l'homme a raconté au chef de l'Etat l'eau qui monte au milieu de la nuit, l'électricité coupée, ses enfants endormis dans une autre pièce et qu'il n'a pas réussi à sauver.
"Nous voyons des tragédies similaires frapper le Mozambique, le Zimbabwe, mais aujourd'hui c'est nous qui sommes touchés", a déploré M. Ramaphosa. Les autorités locales réclament que l'état de catastrophe naturel soit déclaré.
Les pluies devraient lentement se dissiper dans la soirée, selon les météorologues. Mais déjà la région ouverte sur l'océan Indien qui a connu des destructions massives lors d'une vague sans précédent d'émeutes et de pillages en juillet, semblait connaître un répit.
Dans une chaleur humide, certains déblayent autour de bâtiment effondrés. Sur des routes jonchées de débris, d'autres dispersent du sable pour combler des trous béants, a constaté un journaliste de l'AFP.
Certaines écoles ont ouvert leur portes mais les bancs sont majoritairement restés dépeuplés. A l'école primaire de la banlieue noire d'Inanda, seuls deux élèves sur 48 se sont présentés.
- L'armée mobilisée -
"En 48 heures, il est tombé plus de 450 mm d'eau dans certaines zones", a déclaré à l'AFP, Dipuo Tawana, prévisionniste à l'institut météorologique national. Les spécialistes ont comparé le niveau des précipitations à celui "normalement associé aux cyclones".
L'armée a été mobilisée pour apporter un soutien aérien pendant les évacuations. Des milliers de maisons ont été détruites, au moins 140 écoles ont été touchées, selon les autorités locales.
Depuis plusieurs jours, les principaux axes routiers sont submergés par une mélasse brunâtre, sur laquelle flottent les panneaux et les feux de signalisation.
Des montagnes de branches, bouteilles et déchets ont été charriées sur les plages de Durban habituellement prisées des touristes et des familles.
L'activité au port a été suspendue, des conteneurs ont été emportés par les eaux. Des pillages ont été signalés.
Les fortes précipitations ont aussi entraîné des coupures d'électricité et perturbé l'approvisionnement en eau. Les liaisons ferroviaires ont été suspendues et les habitants appelés à éviter tout déplacement.
"Nous savons que c'est le changement climatique qui s'aggrave, on est passé de tempêtes extrêmes en 2017, à des inondations supposées records en 2019 mais clairement dépassées aujourd'hui en 2022", a mis en garde Mary Galvin, professeur d'études du développement à l'Université de Johannesburg.
En 2019, des inondations dans la région et la province voisine du Cap-Oriental avaient déjà fait 70 morts et dévasté plusieurs villages côtiers dans des coulées de boue.