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Petits tracas avant un nouveau test électoral pour l'ANC en Afrique du Sud


Des partisans de l'African National Congress brandissent le drapeau du parti lors de la campagne de l'ANC à Atteridgeville, un canton situé à l'ouest de Pretoria, en Afrique du Sud, le 5 juillet 2016.
Des partisans de l'African National Congress brandissent le drapeau du parti lors de la campagne de l'ANC à Atteridgeville, un canton situé à l'ouest de Pretoria, en Afrique du Sud, le 5 juillet 2016.

Des membres du parti eux-mêmes menacent de boycotter le scrutin: à quelques semaines des élections locales, le grand parti historique sud-africain, l'ANC, en mal d'argent et embourbé dans les vestiges de l'ère Jacob Zuma, est plus que jamais en mauvaise posture.

Depuis quelques semaines, des salariés du Congrès national africain (ANC) manifestent sporadiquement pour réclamer leur paye que le parti au pouvoir depuis 27 ans, endetté, n'a pas été en mesure de verser ces derniers mois. Les caisses accuseraient un trou de équivalent à plusieurs millions d'euros.

Mercredi, la contestation est montée d'un ton: des centaines de militants en jaune et vert, arrivés en bus de plusieurs coins du pays, ont protesté au pied du siège à Johannesburg et menacé de boycotter les élections locales prévues le 1er novembre.

En cause, des candidats désignés sans consultation de la base et accusés d'avoir décroché leur place sur les listes à coup de dessous de table. Les conseillers de plus de 250 municipalités seront choisis lors du prochain scrutin.

Interrogée par la presse sur les tourments internes du parti, sa secrétaire générale Jessie Duarte, en campagne au Cap, a déclaré: "L'ANC s'en sortira, l'ANC s'en sort toujours".

Le parti qui a libéré le pays du régime raciste de l'apartheid et bénéficie toujours de cette aura a lancé le mois dernier un appel public aux dons espérant que cela "suscitera un vif intérêt pour que l'organisation continue à exister".

La désorganisation générale au sein du mouvement a déjà failli lui coûter cher. Des centaines de candidats n'étaient pas inscrits au scrutin à la date butoir, fin août. Sans un coup de pouce de la commission électorale, qui a étendu le délai et provoqué l'indignation de l'opposition, les dés étaient jetés pour le parti dans des villes clefs.

Cette confusion est aussi due à "l'incapacité du parti à contenir une guerre interne entre factions", a indiqué le chercheur en sciences politiques Ebrahim Fakir à l'AFP. Le président Cyril Ramaphosa, aussi président du parti, a du mal à asseoir son autorité, son prédécesseur charismatique Jacob Zuma comptant encore de nombreux fidèles dans les rangs de l'ANC en dépit de multiples scandales de corruption le visant.

- Lent déclin -

Le lent déclin du tout-puissant parti de Nelson Mandela a commencé il y a plusieurs années. Aux dernières élections locales en 2016, l'ANC avait perdu Pretoria, la capitale, et Johannesburg. Et s'il a remporté les législatives de 2019, il avait alors enregistré le plus mauvais score national de son histoire, 57,8% des voix.

"Il ne s'agit pas de gagner ou perdre: l'ANC va de toute façon être confronté au problème grave de ne détenir qu'une majorité très réduite", explique à l'AFP l'analyste politique Ralph Mathekga.

En face, le premier parti d'opposition l'Alliance démocratique (DA), encore profondément identifié comme un parti de blancs, n'est pas prêt de l'emporter à l'échelle nationale.

Pour relever une popularité qui s'émiette scrutin après scrutin, l'ANC compte sur les vieilles recettes: porte-à-porte, distribution de t-shirts et casquettes, campagne par SMS, tarifs préférentiels dans les tavernes...

"Les bénévoles du parti sont déjà sur le terrain", a assuré Mme Duarte.

Les élections s'inscrivent aussi dans le sillage d'un des pires épisodes de violences qu'a connu le pays depuis l'avènement de cette jeune démocratie, révélateur d'un climat social et économique délétère, avec une pauvreté en hausse et un chômage record aggravé par le Covid.

En juillet, plus de 350 personnes sont mortes lors d'une semaine d'émeutes et de pillages déclenchés par l'incarcération de Jacob Zuma. Le président Ramaphosa a qualifié ces incidents de tentative orchestrée pour déstabiliser le pays et promis que les "cerveaux" seraient démasqués et condamnés.

Douze suspects ont été arrêtés dans la foulée des émeutes. Aucune autre information n'a filtré depuis. Et le bilan de leur impact économique sera officiellement dévoilé le trimestre prochain.

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