L'ex-chef de l'Etat (2009-2018) est soupçonné d'avoir touché 4 millions de rands (260.000 euros au cours actuel) de pots-de-vin du groupe français de défense Thales à la faveur d'un contrat d'armement de près de 4 milliards d'euros conclu en 1999.
Les deux parties ont toujours nié ces allégations.
Au gré de multiples rebondissements, les accusations visant Jacob Zuma ont été plusieurs fois suspendues puis rétablies au fil des années, jusqu'à la décision en 2018 du procureur général du pays d'ouvrir, enfin, son procès.
L'ancien président conteste ces accusations et plaide depuis lundi devant la Haute Cour de Pietermaritzburg (nord-est) pour obtenir l'abandon définitif des charges. Ses avocats ont dénoncé un "lynchage", et lui-même une "chasse aux sorcières" et un procès "politique".
Le parquet général a méthodiquement écarté leurs arguments jeudi à la barre de la Haute Cour.
Les "théories du complot" avancées par la défense "sont infondées et contestées et doivent donc être rejetées", a estimé un des procureurs, Wim Trengrove.
"Il n'y a pas la moindre preuve que la décision de poursuivre M. Zuma était motivée par la politique", a-t-il poursuivi, "le dossier retenu contre lui est très lourd".
Au principal accusé qui avait affirmé qu'un procès près de vingt ans après les faits "viole ses droits", M. Trengrove a rétorqué qu'il était "important que M. Zuma soit traité comme un autre".
"Si M. Zuma échappe aux poursuites, il y a fort à parier qu'il soit considéré comme ayant reçu un traitement de faveur parce qu'il est un homme important et puissant", a-t-il jugé.
Le procureur a aussi renvoyé dans les cordes Thales, qui a lui également demandé l'arrêt des poursuites au motif que "les très longs retards de cette procédure" empêchent "un procès équitable".
"Il est absolument évident que Thales a échappé aux poursuites grâce à des ruses malhonnêtes", a affirmé M. Trengrove.
"C'est Thales, pas le (parquet), qui est responsable des retards de procédure depuis 2004", a renchéri son confrère Andrew Breitenbach, "les preuves contre Thales sont irréfutables".
Englué dans de nombreux scandales, le président Zuma a été poussé à la démission en 2018 et remplacé par son vice-président Cyril Ramaphosa, qui a promis de nettoyer son parti et le pays de la corruption.
La Haute Cour de Pietermaritzburg doit se prononcer ultérieurement sur l'abandon ou non des charges visant M. Zuma.