Chargé de prononcer l'éloge funèbre, l'ancien chef de l'Etat Kgalema Motlanthe, qui a assuré quelques mois en 2009 l'intérim entre Thabo Mbeki et Jacob Zuma, a profité de l'occasion pour livrer une charge aussi sévère qu'inattendue contre son successeur, interdit de cérémonie par la famille du défunt.
Figure historique de l'ANC, compagnon de cellule et confident de Nelson Mandela, Ahmed Kathrada, décédé mardi à 87 ans, avait pris la plume l'an dernier pour réclamer la démission de Jacob Zuma, englué dans les scandales de corruption.
"Il serait déloyal de rendre hommage à la vie du camarade Kathrada et de prétendre qu'il n'était pas profondément perturbé par la faillite politique actuelle", a déclaré M. Motlanthe devant la foule réunie dans le cimetière de Westpark à Johannesburg.
Il a ensuite lu des morceaux choisis d'une lettre ouverte à M. Zuma, publiée par le défunt.
"Face à des critiques, condamnations et exigences aussi larges et persistantes, serait-ce trop que d'exprimer l'espoir que vous preniez la bonne décision en envisageant de démissionner ?", s'est plu à citer l'ancien président.
La lecture de ce passage a suscité une longue salve d'applaudissements de l'assistance, debout. "Dégage, Zuma!", a alors hurlé un homme, aussitôt repris par d'autres.
Dès l'annonce de sa mort tôt mardi matin, toute l'Afrique du Sud a rendu un hommage ému, unanime et dithyrambique à celui que l'on surnommait "Oncle Kathy", qui fut longuement emprisonné avec Nelson Mandela à la prison de Robben Island.
M. Zuma s'est lui contenté de présenter ses condoléances à la famille et de dire sa "profonde tristesse".
Et mercredi matin, ses services ont confirmé qu'il "ne participera pas aux funérailles et à l'hommage (national), conformément aux souhaits de la famille" Kathrada.
Avec AFP