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L'ANC scrute l'avenir du président Ramaphosa menacé de destitution


Le président sud-africain Cyril Ramaphosa s'adresse aux médias après avoir quitté une réunion du Comité exécutif national du Congrès national africain (ANC) à Johannesburg, le 4 décembre 2022.
Le président sud-africain Cyril Ramaphosa s'adresse aux médias après avoir quitté une réunion du Comité exécutif national du Congrès national africain (ANC) à Johannesburg, le 4 décembre 2022.

La démission écartée, reste le spectre d'une procédure de destitution: les caciques du parti historique au pouvoir, l'ANC, sont réunis lundi pour discuter du sort de Cyril Ramaphosa plongé dans la tourmente après un scandale au parfum de corruption.

Visiblement détendu, tout sourire, le chef d'Etat a chaleureusement salué journalistes et membres du parti à son arrivée au centre de conférences d'une banlieue de Johannesburg, où se tient la réunion du tout-puissant Comité exécutif national (NEC), à la tête du Congrès national africain (ANC).

Il n'est resté toutefois qu'un court instant: les discussions au sommet ont débuté sans lui, comme il est d'usage pour la personne directement visée lors de ces réunions, a expliqué le parti.

"L'ANC viendra à bout de tout ça", a assuré le porte-parole de l'ANC lors d'une conférence de presse, Pule Mabe, ajoutant qu'une décision du parti, prise à l'aulne de "la sagesse collective", sera annoncée dans la journée.

Cyril Ramaphosa est gêné depuis des mois par un scandale. Une plainte déposée en juin l'accuse d'avoir tenté de taire un cambriolage chez lui en février 2020, en ne le déclarant ni à la police, ni au fisc. Les malfaiteurs avaient alors emporté 580.000 dollars en liquide, camouflés sous les coussins d'un canapé.

Au cours du week-end, le président a clairement écarté la possibilité de jeter l'éponge, après plusieurs jours d'incertitude. Son porte-parole a annoncé samedi qu'outre la bataille pour son maintien et même pour briguer un second mandat "dans l'intérêt" de la démocratie, M. Ramaphosa va aussi contester en justice la validité du rapport parlementaire qui l'accable et que des voix ont jugé "bancal".

Une commission indépendante désignée par le Parlement a estimé la semaine dernière dans un rapport que le président "a pu commettre" des actes contraires à la loi et la Constitution.

Une enquête pénale est également en cours. Le président n'a pas été inculpé à ce stade.

"Notre président"

L'ANC présidée par M. Ramaphosa et au pouvoir depuis la chute de l'apartheid, se réunit le 16 décembre pour désigner son prochain président en 2024, si toutefois le parti, de plus en plus contesté, était vainqueur des législatives.

Majoritaire au Parlement depuis 1994, l'ANC, plombé par la corruption et une guerre de factions, choisit le chef de l'Etat depuis l'avènement de la démocratie sud-africaine.

"Ramaphosa est notre président": en vert, jaune et noir, les couleurs de l'ANC, une poignée de partisans ont apporté leur soutien lundi à Johannesburg. Tout comme des opposants réclamant une démission.

"Cyril", comme l'appellent familièrement les Sud-Africains, l'a envisagé au lendemain de la publication du rapport accablant, selon des sources politiques.

Avant de se raviser: son porte-parole a annoncé samedi qu'outre la bataille politique pour se maintenir à son poste et même briguer un second mandat "dans l'intérêt" de la démocratie, M. Ramaphosa va aussi se bagarrer dans les tribunaux et contester la validité du rapport parlementaire "bancal".

Plusieurs experts en droit ont critiqué ces derniers jours le rapport parlementaire qui s'appuie largement sur du "ouï-dire", multipliant les suppositions et les questions rhétoriques.

Mais le texte soulève aussi de vraies questions sur la version des faits avancée par le président. Selon lui, l'argent liquide volé chez lui provenait de la vente à un homme d'affaires soudanais de vingt buffles.

"La pratique normale est de mettre l'argent en banque le jour ouvrable suivant", remarque le rapport.

Aussi, pourquoi ces buffles achetés par un certain Mustafa Mohamed Ibrahim Hazim, se trouvent-ils toujours dans sa propriété baptisée Phala Phala (nord-est) près de trois ans après leur vente?

"Il existe de sérieux doutes quant à savoir si les devises étrangères volées proviennent bien de leur vente", conclut le rapport.

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