En guerre ouverte avec les démocrates sur la procédure de destitution qui le menace, en conflit avec les républicains sur le dossier syrien, le locataire de la Maison Blanche cherche - dans la douleur - à reprendre la main.
C'est la première fois que le milliardaire républicain renoue avec sa base électorale depuis le lancement, il y a 15 jours, d'une procédure qui pourrait faire de lui le troisième président de l'histoire frappé par un "impeachment" après Andrew Johnson et Bill Clinton.
Les yeux rivés sur l'élection du 3 novembre 2020, il a choisi pour ce retour la ville de Minneapolis, dans un Etat qui a toujours voté démocrate lors de la présidentielle depuis le début des années 70 mais où il a failli détrôner Hillary Clinton en 2016.
"Je pense que je peux gagner le Minnesota", a-t-il lancé depuis les jardins de la Maison Blanche avant de monter dans l'hélicoptère présidentiel Marine One.
Sans surprise, le président américain a ensuite décoché quelques flèches à l'élue démocrate Ilhan Omar qui représente cet Etat à la Chambre des représentants.
Cette dernière fait partie des quatre élues du Congrès issues de minorités auquel le président américain avait conseillé de "retourner" dans les pays d'où "elles viennent" -- alors même que trois d'entre elles sont nées aux Etats-Unis.
"Je pense qu'Omar nous aide à gagner dans le Minnesota et ailleurs", a-t-il ironisé.
Dans une ambiance qui s'annonce électrique, comme lors de tous les rassemblements "Make America Great Again", il devrait s'en prendre aux élus qui mènent une enquête "partisane et anticonstitutionnelle", selon les termes de l'avocat de la Maison Blanche Pat Cipollone.
Après plusieurs journées d'atermoiements, il a en effet choisi le bras de fer, refusant en bloc de coopérer avec le Congrès et ouvrant une période de grande incertitude qui devrait mettre à l'épreuve les institutions américaines.
Les démocrates veulent déterminer dans quelle mesure le président américain a fait pression sur son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky lors d'un échange téléphonique afin qu'il cherche des informations compromettantes sur son rival Joe Biden.
"Je ne sais comment vous pouvez menacer quelqu'un de destitution sur la base d'une conversation avec un président, en l'occurrence de l'Ukraine, qui était une conversation absolument parfaite", a affirmé jeudi M. Trump.
- Sondage Fox News inquiétant -
Conscient que le devenir d'une procédure de destitution se joue sur la perception qu'en a l'opinion publique plus que dans d'obscures batailles procédurales, le 45e président des Etats-Unis a été piqué au vif par un sondage Fox News rendu public mercredi soir.
Selon cette enquête, 51% des Américains sont favorables à la destitution du président Trump, soit un bond de neuf points par rapport à juillet.
Et ce chiffre est en hausse dans tout le spectre politique: parmi les démocrates (85% contre 74% en juillet), parmi les indépendants (39% contre 36% en juillet) et parmi les républicains (13% contre 8% en juillet).
"Depuis le jour où j'ai annoncé ma candidature à la Maison Blanche, je n'ai JAMAIS eu un bon sondage Fox News", a-t-il tempêté jeudi au réveil.
"Quel que soit l'institut de sondage qu'ils utilisent, ce sont des tocards", a-t-il ajouté, avant de regretter que la chaîne prisée des conservateurs soit très différente de ce qu'elle était "au bon vieux temps".
Autre source de frustration et de contrariété pour le président septuagénaire: la Syrie.
Sa décision, annoncée dimanche soir dans un communiqué, de retirer les soldats américains stationnés dans le nord-est de la Syrie et laisser le champ libre à une intervention turque, a suscité la stupeur et la colère dans son propre camp.
Dès le début, mercredi, de l'opération militaire turque contre des forces kurdes en Syrie, le Congrès est monté en première ligne.
Le sénateur Lindsey Graham, qui soutient d'ordinaire Donald Trump mais l'accuse cette fois d'avoir "honteusement abandonné" les Kurdes, a dévoilé, avec un élu démocrate, une proposition visant à sanctionner sévèrement Ankara si l'armée turque et ses supplétifs ne se retiraient pas de Syrie.
Peu avant son départ pour Minneapolis, Donald Trump a évoqué, d'un tweet, le possibilité de "jouer les médiateurs en vue d'un accord entre la Turquie et les Kurdes".
Le président républicain a déjà fait des propositions de "médiation" sur de nombreux dossiers, des tensions en Mer de Chine au conflit du Cachemire, sans jamais donner suite.
Avec AFP