M. Pahimi Padacké était arrivé en deuxième position de l'élection présidentielle du 11 avril avec 10,32% des voix, loin derrière le défunt président, qui avait été réélu dès le premier tour avec 79,32%.
M. Pahimi Padacké dirigera, selon la charte de transition, un gouvernement de transition dont les membres seront nommés et révoqués par Mahamat Idriss Déby, président du Conseil militaire de transition (CMT) composé de 15 généraux parmi les plus fidèles de son père.
Mahamat Idriss Deby a promis des "élections libres et démocratiques" dans 18 mois. Général de corps d'armée âgé de 37 ans, il est également "le chef suprême des Armées" et préside outre le CMT, "le conseil des ministres, les conseils et comités supérieurs de défense nationale", selon cette charte.
Lors des funérailles d'Idriss Déby Itno vendredi, la France et les pays du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger, outre le Tchad), qui combattent ensemble les jihadistes dans cette région, avaient appelé à un "processus de transition civilo-militaire".
Les principaux partis d'opposition, ainsi que syndicats et société civile, ont vu dans l'arrivée au pouvoir du fils d'Idriss Déby Itno un "coup d'Etat institutionnel" et appelé à une "transition dirigée par les civils".
Deuxième à la présidentielle
M. Pahimi Padacké a déjà été Premier ministre de 2016 à 2018, date à laquelle M. Déby a fait supprimer ce poste pour concentrer dans ses mains tout le pouvoir exécutif.
Il est arrivé deuxième de la présidentielle du 11 avril avec 10,32% des voix, loin derrière le défunt président, réélu au premier tour pour un sixième mandat avec 79,32% des suffrages.
Durant la campagne présidentielle, il s'était présenté comme "indépendant" du pouvoir et de l'opposition qui appelait au départ d'Idriss Déby. "Idriss Déby a montré son courage sur tous les fronts, j'en suis témoin. Un seul courage lui manque, celui d'accepter une passation pacifique du pouvoir", avait-il déclaré.
Lundi, il a plaidé pour une "union sacrée pour sauver (la) Nation" dans un entretien à l'AFP après sa nomination. "Le défi (...) est celui de la paix", a-t-il déclaré. "Comment faire pour que les armes se taisent dans notre pays? Et comment faire pour que les Tchadiens ensemble jettent les bases d'un grand consensus national afin d'arriver au terme de cette transition à des élections libres et transparentes?".
Opposant historique à Idriss Deby Itno, Saleh Kebzabo a dit qu'il allait "accompagner M. Pahimi Padacké". "On lui souhaite beaucoup de réussite pour le Tchad. Il faut que tous les Tchadiens se rassemblent dans cette période difficile", a-t-il déclaré à l'AFP.
Succès Masra, président du mouvement d'opposition Les Transformateurs, a de son côté estimé qu'il "aurait d'abord fallu passer par un président civil et ensuite nommer un Premier ministre civil".
Les Transformateurs, via le collectif Wakit Tamma composé de partis d'opposition et d'associations de la société civile, a appelé lundi les Tchadiens à "sortir massivement" mardi "pour exiger la démission du CMT et dénoncer l'ingérence négative de la France dans les affaires intérieures du Tchad".
Paris, qui considère le Tchad comme un allié essentiel contre les jihadistes au Sahel, a sauvé militairement à deux reprises au moins, en 2008 et en 2019, le régime d'Idriss Déby Itno face à des rebelles. Le président français Emmanuel Macron était le seul chef d'Etat occidental aux obsèques de son homologue.
Refus de négocier
La nomination d'un Premier ministre intervient au lendemain du refus exprimé par les militaires au pouvoir de négocier avec les rebelles du Front pour l'alternance et la concorde au Tchad (FACT) qui s'étaient dits samedi ouverts à une cessez-le-feu. C'est lors de combats opposant l'armée au FACT - qui a lancé le 11 avril une offensive contre N'Djamena - que le président Déby, monté au front, a trouvé la mort.
"L'heure n'est ni à la médiation ni à la négociation avec des hors-la-loi", a déclaré dimanche à la télévision d'Etat le général Azem Bermandoa Agouna, porte-parole du CMT, qui a appelé le Niger voisin à "capturer" le chef du FACT Mahamat Mahadi Ali, qui y serait, selon l'armée, réfugié avec certains de ses hommes.
La présidence du Niger a fermement démenti lundi tout contact entre le chef de l'Etat nigérien Mohamed Bazoum et Mahamat Mahadi Ali, parlant d'une "affabulation".
"S'ils veulent faire la guerre, on fera la guerre", a affirmé M. Mahadi Ali dimanche soir à l'AFP, démentant également être au Niger.