Libéré en juillet 2017, après avoir purgé deux ans de prison, notamment pour "atteinte à la sûreté de l'Etat" et "trouble à l'ordre public", Kamel Eddine Fekhar avait été à nouveau arrêté et placé le 31 mars en détention préventive à Ghardaïa, à environ 480 km au sud d'Alger, pour "atteintes aux institutions".
"Je confirme la mort ce matin de Kamel Eddine Fekhar, à l'hôpital de Blida", à une quarantaine de km au sud d'Alger, où il avait été transféré "dans état comateux", a déclaré à l'AFP Me Salah Dabouz, avocat du défunt qui était en grève de la faim depuis son incarcération.
Dans une vidéo postée sur son compte Facebook, Me Dabouz dénonce "cet acharnement et cette mort programmée, prévue par les autorités judiciaires de Ghardaïa" qui ont mis M. Fekhar "en détention pour un dossier vide".
"J'ai tiré la sonnette d'alarme, ça fait trois semaines que Kamel Eddine était détenu dans des conditions inhumaines au pavillon carcéral de l'hôpital de Ghardaïa; rien n'a été fait", a poursuivi Me Dabouz.
Me Dabouz est lui-même inculpé depuis début avril de 14 chefs d'infraction - dont incitation à la haine ou la discrimination, atteinte à l'intégrité du territoire national, tentative de pression sur les juges - liées, selon lui, à ses critiques publiques des actions de la justice de Ghardaïa contre les militants mozabites.
Médecin, Fekhar fait partie des militants arrêtés après des violences communautaires dont la région du M'zab (dont Ghardaïa est la principale ville) a été le théâtre en 2015 entre Mozabites, des Berbères de rite ibadite, un courant minoritaire de l'islam, et Chaâmbas, des Arabes de rite malékite.
Me Dabouz a annoncé qu'il allait déposer plainte pour "non-assistance à personne en danger", accusant les magistrats "qui ont ordonné la détention de Kamel Eddine Fekhar" et "l'ont laissé mourir en prison", et le personnel de l'hôpital de Ghardaïa "qui l'ont très mal traité".
Il a indiqué tenir pour "responsables les autorités (algériennes) de l'intégrité physique des autres détenus" et demandé "à ce que tous les dossiers des Mozabites (...) soient transférés vers une autre juridiction".