“Je pense qu'aujourd’hui le contexte est tout à fait différent (…) et j’espère qu’on va trouver un chiffre totalement en deçà de ce chiffre “, a dit à VOA Afrique Sanaba Kaba, Ministre guinéenne de l’Action sociale, de la promotion féminine et de l’enfance.
“On est sur le terrain. On continue à mener des enquêtes, et même on va dans les groupes de femmes pour savoir quelle est la position de ces femmes par rapport à ce phénomène (…) Toutes ces femmes, chacune prise individuellement peut avoir une centaine de femmes derrière elle“, s’est réjouie Mme Kaba en ajoutant “Tout ça c’est des espoirs pour nous ; qu’elles viennent, ça veut dire déjà qu’on adhère à l’idée.“
La Loi du 10 juillet 2000 précise en son article 13 que “sous réserve des dispositions du Code pénal, les actes attentatoires aux droits en matière de santé sexuelle, seront incriminés et pénalement réprimés.“
D’autre part, des peines sont prévues dans le Code de l’Enfant Guinéen (Loi du 19 août 2008). Selon l’Article 407, “Quiconque par des méthodes traditionnelles ou modernes aura pratiqué ou favorisé les mutilations génitales féminines ou y aura participé, se rend coupable de violences volontaires sur la personne de l’excisée.“
La loi prévoit un emprisonnement de 3 mois à 2 ans et/ou une amende de 300.000 à 1.000.000 Francs guinéens. Elle stipule par ailleurs que “les ascendants ou toute autre personne ayant autorité sur l’enfant ou en ayant la garde qui auront autorisé la mutilation génitale féminine seront condamnés et punis des mêmes peines que les auteurs.“
La peine peut aller jusqu’à 10 ans d’emprisonnement si la mutilation génitale féminine a entraîné une infirmité, et jusqu’à 20 ans “si la mort de l’enfant s’en est suivie“, selon les articles 408 et 409.
-De la dissuasion à la répression-
Mais jusqu’ici aucune peine de prison ferme n’a été prononcée. “Pour le moment nous avons eu des sanctions dissuasives ; on n’a pas eu des sanctions très répressives“, déplore la Ministre, rappelant que seules des peines avec sursis ont été prononcées en 2014 et 2015.
Toutefois, relève Mme Kabba, “En quatre ans il y a eu beaucoup d’amélioration. Tous les religieux sont de notre côté. Avant cela ne pouvait pas être possible (…) tous ces efforts ne peuvent pas rester en vain en maintenant les chiffres de 97% de 2012.“
Le gouvernement guinéen a lancé le 5 août une vaste campagne d'information dénommée Vacances Scolaires Sans Excision.
“Pour le moment on n’a pas eu de flagrant délit. Mais à un moment donné on a été alerté par une Ong qui évolue sur le terrain, mais après les enquêtes, les informations ne concordaient pas donc on n’a pas pu établir la véracité du fait“, a dit la Ministre, en référence à l’annonce faite le 19 août dernier affirmant qu’une fillette de 10 ans était morte des suites d’une excision en Guinée Forestière.
Selon les témoignages, il s’agirait en réalité d’une fillette de 3 ans décédée à la suite de diarrhées. L’enfant ayant été enterrée, il n’a pas été possible de vérifier les dires des villageois.
Toutefois, le même jour en Sierra Leone, une lycéenne, Fatmata Turay, est décédée d'une excision subie lors d’une initiation à la société secrète Bondo à Mabolleh, dans le nord du pays, avait annoncé la police.
Trois femmes soupçonnées d'avoir accompli le rituel ont été arrêtées et la vice-ministre des Affaires sociales sierra léonaise, Rugiatu Turay, avait annoncé l'ouverture d'une enquête.
Les décès des suites de mutilations génitales féminines ne sont pas rares, et il est difficile de recueillir des chiffres, l’entourage des victimes pouvant maquiller les véritables causes d’un décès et enterrer la personne décédée sans expertise préalable sur lesdites causes.
Nathalie Barge/VOA Afrique