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Une Américaine accusée d'avoir poussé son copain au suicide pour attirer la sympathie


Michelle Carter, au centre, est présente devant la cour de Justice de Taunton, Massachusetts, le 29 juillet 2016.
Michelle Carter, au centre, est présente devant la cour de Justice de Taunton, Massachusetts, le 29 juillet 2016.

Jusqu'où peut-on être responsable de la mort de quelqu'un qu'on a encouragé à se suicider ? C'est la question qui se pose près de Boston, dans le nord-est des Etats-Unis, où une jeune femme est jugée pour avoir, par textos, poussé son petit ami au suicide.

Michelle Carter, 20 ans aujourd'hui et 17 à l'époque des faits, le 12 juillet 2014, est en procès depuis mardi pour homicide involontaire, devant le tribunal pour enfants de Taunton, à 60 kilomètres au sud de Boston.

Son petit ami, Conrad Roy, 18 ans à l'époque, avait été retrouvé mort dans son camion, garé dans le parking d'un supermarché près d'une pompe à eau qu'il a utilisée pour remplir son véhicule de monoxyde de carbone.

L'assistante du procureur, Maryclare Flynn, a, dès l'ouverture du procès retransmise sur Youtube, cité une série de textos envoyés par Carter à Roy, l'enjoignant à passer à l'acte.

"Tu dois le faire, Conrad"

Selon la BBC, le 12 juillet dernier, elle lui envoie un message: "tu dois le faire, Conrad". Puis un autre disant "tu es prêt et préparé, tout ce que tu as à faire, c'est d'alumer le générateur, et tu seras libéré et heureux".

"Tu vas finalement être heureux au paradis. Plus aucune douleur. C'est normal d'avoir peur. Parce que tu vois, tu vas mourir.", lui écrit-elle encore.

Alors qu'il doute, elle le met au pied du mur.

"Je pensais que tu voulais le faire. L'heure est venu et tu es prêt ... fais-le bébé".

"Plus de remise au lendement. Tu ne peux plus attendre", lui dit-elle.

Elle lui conseille les meilleures méthodes de suicide

Alors qu'il sortait de son camion, pris de doutes, le jeune homme lui a parlé longuement au téléphone et "elle lui a dit de revenir dans la voiture: elle s'est comportée de façon vicieuse et dangereuse", a affirmé Mme Flynn, soulignant que Carter l'avait aussi conseillé sur les meilleures méthodes de suicide et encouragé à cacher ses projets à ses parents.

Mais l'avocat de la défense, Joseph Cataldo, a fait valoir que Roy, qui venait de finir son lycée et avait une bourse pour l'université, avait des idées suicidaires depuis des années, évoquant un séjour en hôpital psychiatrique.

Selon le Boston Globe, après la mort de son copain, elle evoie un message à la mère de celui-ci : "vous ne l'avez pas abandonné, pas même un peu", a écrit l'accusé dans un message texte à Lynn Roy, qui se reprochait le suicide de son fils. "Vous avez tout essayé, j'ai tout essayé, chacun de nous a essayé de le sauver. Mais il avait pris sa décision de mettre fin à ses jours".

Son choix selon l'avocat de Carter

"Il était suicidaire, et voulait se donner la mort, c'était son choix", a-t-il affirmé.

Il a souligné l'influence limitée qu'avait sur lui la jeune fille: les deux adolescents, qui s'étaient rencontrés en 2012, ne s'étaient vus ensuite "que deux ou trois fois", entretenant essentiellement "une relation par textos".

L'avocat a également affirmé que Carter avait plusieurs fois, pendant les mois qu'ont duré leur relation, "essayé de le dissuader de se donner la mort", prévenant notamment sa soeur qu'il voulait se tuer.

Pour compliquer les choses, l'Etat du Massachussets n'a pas, contrairement à d'autres Etats américains, de loi pénalisant l'encouragement au suicide.

Le procès pourrait durer deux semaines. Michelle Carter a renoncé à un procès avec jury, laissant le soin au juge, Lawrence Moniz, de trancher.

Elle encourt jusqu'à 20 ans de prison en cas de condamnation. On ignore encore si elle pourrait témoigner et s'exposer à un contre-interrogatoire toujours risqué.

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