"Le Sénégal se doit de soulever la question de l’attitude ouvertement hostile de la Chine en matière de droits humains, aussi bien au niveau national que sur les questions internationales", a déclaré Seydi Gassama, directeur d’Amnesty International Sénégal.
Il poursuit : "Il est inquiétant de constater que les droits humains n’ont aucune place dans le ‘nouveau type de relations internationales gagnant-gagnant’ visant à ‘construire une communauté de destin pour l'humanité’ promu par le président chinois. Une chose est claire : en Chine même, depuis l’arrivée au pouvoir du président Xi, les défenseurs des droits humains ont été perdant-perdant".
En février dernier, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux Droits de l’Homme Zeid Ra’ad Al Hussein a dénoncé la campagne de répression menée par les autorités contre les avocats des droits humains, qui a vu plus de 250 d’entre eux arrêtés au cours des trois dernières années. Le Haut-Commissaire a aussi appelé le gouvernement chinois "à [les] libérer immédiatement et sans conditions".
Par ailleurs, l’activiste Qin Yongming s'est vu infliger une peine de 13 ans d’emprisonnement pour ses écrits promouvant la démocratie.
Selon Amnesty International, "l’arrivée au pouvoir du président Xi Jinping a également vu une campagne de répression sans précédent de la minorité musulmane Ouighoure".
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"Le non-respect par la Chine de ses obligations internationales en matière de droits humains doit être à l’ordre du jour de la rencontre entre les deux présidents", a déclaré Seydi Gassama.
Amnesty International Sénégal espère que le président Macky Sall exprimera l’attente du Sénégal de voir la Chine cesser de jouer un rôle négatif dans les efforts de résolution de la crise des réfugiés Rohingya, sur laquelle il s’était exprimé lors de la 72ème session de l’Assemblée générale des Nations unies.
A la suite de la campagne de meurtres, d’incendies et de viols menée par l’armée du Myanmar, documentée par Amnesty International dans une série de rapports, Pékin continue de bloquer toute tentative du Conseil de sécurité de l’ONU d’adopter une résolution condamnant les attaques, et de faire obstruction au travail du Conseil des Droits de l’Homme, tout en invoquant le prétexte habituel du refus de toute "ingérence" dans les affaires nationales d'un pays tiers.
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"A la tribune des Nations Unies, le président Macky Sall s’était déclaré ‘gravement préoccupé par les exactions contre la population musulmane Rohingya’ et avait souligné que le ‘Sénégal appelle instamment la communauté internationale à agir pour mettre fin à cette véritable tragédie humaine'", a rappelé Seydi Gassama.
"Il est maintenant temps de porter ce message directement au président chinois, dont le pays continue à empêcher la résolution de la crise", a-t-il conclu.