Accusé d'atteinte à l'autorité de l'Etat par la justice ivoirienne, M. Lobognon "a urgemment besoin de soins médicaux". Il "craint pour sa vie et aimerait avoir accès à un médecin indépendant", écrit l'organisation de défense des droits humains.
M. Lobognon est proche de l'ex-chef de la rébellion ivoirienne Guillaume Soro, ancien allié du pouvoir devenu opposant, candidat déclaré à l'élection présidentielle prévue en octobre 2020, en exil en France.
Député de Générations et peuples solidaires (le parti de M. Soro), M. Lobognon a été arrêté fin décembre 2019, à la suite du retour avorté de Guillaume Soro en Côte d'Ivoire, accusé de tentative d'insurrection. Son immunité parlementaire a été levée le 20 janvier.
"Selon des informations partagées dans une lettre par son avocat et sa femme, sa mauvaise santé actuelle est due aux mauvaises conditions de détention. Sa cellule (dans la prison d'Agboville, sud-est de la Côte d'Ivoire) est infestée de moustiques et d’insectes", explique Amnesty.
"Les autorités ivoiriennes ayant suspendu toutes les visites aux détenus du 18 mars au 16 avril 2020 pour empêcher la propagation de COVID-19, Alain Lobognon ne peut pas recevoir la visite de son médecin et ses proches", souligne Amnesty, appelant les autorités à lui offrir des "conditions de détention conformes aux normes internationales".
Seize autres membres du parti de Guillaume Soro - dont quatre autres députés - ont été arrêtés en Côte d'Ivoire entre le 23 et le 31 décembre 2019, rappelle Amnesty.
L'ONG juge "très suspectes" ces poursuites contre Guillaume Soro et ses partisans, "les accusations semblant être motivées par des considérations politiques".
Deux directeurs de journaux ont été condamnés mardi à de lourdes amendes par la justice ivoirienne pour "publication de fausses informations", après avoir publié un communiqué du collectif des avocats d'Alain Lobognon, qui s'inquiétaient de ses conditions d'incarcération.
Longtemps allié du président ivoirien Alassane Ouattara, qu'il a aidé à porter au pouvoir pendant la crise post-électorale de 2010-2011, Guillaume Soro, qui fut son premier Premier ministre, puis président de l'Assemblée nationale, s'est ensuite brouillé avec lui, jusqu'à la rupture début 2019.
Jusqu'à cette affaire, M. Soro était considéré comme un challenger sérieux pour la présidentielle par les analystes politiques.
Dix ans après la crise post-électorale de 2010-2011 qui fait 3.000 morts, la prochaine présidentielle s'annonce tendue. Les élections municipales et régionales de 2018 avaient été marquées par de nombreuses violences et des fraudes.