Alors que le Maroc connaît un afflux de migrants et de réfugiés qui rêvent de gagner l'Europe, les autorités de ce pays ont multiplié ces dernières semaines rafles et déplacements forcés de centaines de migrants depuis le nord vers le sud du pays, officiellement pour "lutter contre les réseaux mafieux".
Le porte-parole du gouvernement Mustapha Khalfi a assuré jeudi que ces déplacements se faisaient dans le "respect de la loi", en soulignant "l'approche humanitaire adoptée par le Maroc en matière d'immigration", avec ses deux campagnes de régularisation de 50.000 clandestins depuis 2015.
Dans un communiqué rendu public vendredi, Amnesty s'inquiète des récents "raids majeurs dans les quartiers de plusieurs villes où vivent les réfugiés et les migrants".
Citant l'Association marocaine des droits humains (AMDH), l'ONG affirme que quelque 5.000 personnes ont été arrêtées au cours de différentes opérations depuis juillet, avant d'être "entassées dans des bus et abandonnées dans des zones isolées proches de la frontière algérienne ou dans le sud du pays".
"Cette répression choquante contre les migrants et les réfugiés au Maroc est à la fois cruelle et illégale" et "représente un recul inquiétant pour un gouvernement qui, en 2013, a adopté de nouveaux engagements en matière d'asile et de migration", déplore Heba Morayef, directrice régionale d'Amnesty pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, selon le communiqué.
Amnesty exhorte le gouvernement marocain à "mettre fin à ces arrestations discriminatoires et défendre les engagements positifs pris ces cinq dernières années concernant le respect des droits des migrants".
L'ONG s'interroge aussi sur la stratégie de l'Espagne en rappelant le renvoi "expéditif", fin août de 116 migrants subsahariens entrés dans l'enclave espagnole de Ceuta, en franchissant la frontière au cours d'un assaut collectif.
Alors que le flux de migrants a augmenté sur la route espagnole depuis la fermeture de la route par la Libye, le Maroc a stoppé 54.000 tentatives de passage vers l'Union européenne et démantelé "74 réseaux criminels de traite d'êtres humains" depuis le début 2018, selon les chiffres officiels.
Avec AFP