L’organisation internationale de défense des droits de l’homme rappelle que Nadjo Kaina Palmer, porte-parole du mouvement citoyen IYINA (on est fatigué en arabe) et Bertrand Sollo, le rapporteur francophone de la même organisation, ont été arrêtés respectivement les 6 et 15 avril, alors que Dingamnayal Nely Versinis, président du "Collectif tchadien contre la vie chère", a lui été arrêté le 12 avril.
"Tous les trois avaient été détenus en secret depuis leur arrestation par l’Agence nationale de la sécurité (ANS) jusqu’à hier 24 avril quand ils ont été transférés dans les locaux de la coordination de la police judiciaire pour enquête. Aucune charge n’est retenue contre eux", indique Amnesty.
Pour Amnesty, les trois militants sont des "prisonniers d’opinion dont les droits ont été gravement violés".
"Ces cas, au-delà d’être flagrants, sont la preuve que le gouvernement veut donner l’exemple dans le but de maintenir un climat de peur chez les voix dissidentes et dissuader tous ceux qui veulent exercer leur droit à la liberté d’expression", soutient dans le communiqué Balkissa Idé Siddo, chercheur sur l’Afrique centrale à Amnesty International.
Les trois activistes ont, selon Amnesty, été transférés à la coordination de la police judiciaire où ils ont été auditionnés en l’absence de leurs avocats.
M. Palmer avait, au cours d’une conférence de presse le 3 avril dernier, appelé la population tchadienne à exprimer son "ras-le-bol au régime en place et dire non à la mauvaise gouvernance, à l’impunité et à l’humiliation". Pour ce faire, les Tchadiens devaient s’habiller en rouge ou porter un foulard rouge sur la tête le 10 avril dernier, marquant la date anniversaire de l’élection présidentielle de 2016.
M. Palmer n’a plus été revu depuis son appel.
Dingamnayal Nely Versinis a, lui, été arrêté le 12 avril alors qu’il appelait les commerçants du marché de mil de N'Djamena à participer à une grève pour protester contre l'augmentation des frais de stand.
Le procureur de la République a déclaré mardi à Amnesty International qu’une fois que la police judiciaire aura clôturé les investigations, les trois activistes seront déférés au parquet de N’Djamena.