Au Burkina Faso, le gouvernement a condamné des propos haineux véhiculés dans des enregistrements audios sur les réseaux sociaux. Ces messages appellent au meurtres et à l’épuration ethnique.
Les derniers audios qui ont circulé depuis sur WhatsApp sont virtuellement postées depuis la région du Sud-ouest. Lionel Bilgo, porte-parole du gouvernement, a vivement réagi. Pour lui, ce sont des appels directs et actifs au meurtre, à des tueries de masse et à l'épuration ethnique.
Le ministre a ajouté que le ton et les mots témoignent de la gravité de la situation. Il s'agit bien de discours haineux, subversifs, dangereux et inacceptables dans un pays riche et diversifié comme le Burkina Faso.
"Quand le péril frappe une communauté qui est prise en étau d’un côté par les terroristes et de l’autre côté par certains éléments des forces étatiques qui ne lui accordent aucune présomption d’innocence, certains Burkinabè indélicats pensent que cette communauté peut être nettoyée, génocidée sans être inquiétés. Je salue le message du gouvernement qui vise à dissuader", a déclaré Dr Daouda Diallo, porte-parole du Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés.
Pour l'analyste politique Blaise Kietega, les autorités sont coupables d'un "déficit communicationnel sur les risques de communautarisation de cette crise sécuritaire mais également les risques de stigmatisation et de replis identitaires".
Et d'ajouter: "Si au début on avait pris à bras le corps la nécessité d’implication significative des religieux également des leaders coutumiers dans la résolution de cette crise on pouvait éviter ces genres d’audio. Le gouvernement devrait travailler en anticipation".
Pour certains, en plus de condamner la teneur de ces propos haineux, il faut que les autorités passent à l'acte.
C'est l'avis du Pr Albert Ouédraogo, Secrétaire général de Racine, une association qui œuvre à la réhabilitation des valeurs traditionnelles et à la valorisation des chefferies.
"Il faut que les autorités, en plus de condamner les propos, montrent un peu plus de muscle par rapport à la lutte contre le terrorisme. Il ne faut pas prendre la proie pour l’ombre, il faut plutôt s’en prendre réellement aux causes", a-t-il indiqué.
Pour sa part, le gouvernement a rassuré qu’il va engager des poursuites judiciaires contre les auteurs de ces propos.
"Toutes les conséquences de droit vont être tirées", assure le porte-parole du gouvernement, qui indique qu’il faut déconstruire ces discours haineux qui mettent à mal la cohésion et l'unité nationale dans le pays.