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Après la chute de Mugabe, le tourisme zimbabwéen reprend des couleurs


Un arc-en-ciel sur les chutes Victoria sur le Zambèze à la frontière entre la Zambie et le Zimbabwe, le 29 juin 2018.
Un arc-en-ciel sur les chutes Victoria sur le Zambèze à la frontière entre la Zambie et le Zimbabwe, le 29 juin 2018.

Depuis la chute du président Robert Mugabe en novembre, les touristes s'aventurent à nouveau au Zimbabwe où hôteliers, restaurateurs et guides commencent à retrouver le sourire après presque deux décennies de vaches maigres.

Au premier trimestre de cette année, le nombre de visiteurs étrangers des toujours spectaculaires chutes Victoria (sud), l'attraction phare du pays, a explosé de 48% par rapport à la même période de 2017.

A l'échelle nationale, le Zimbabwe a enregistré une augmentation de 15% du nombre de touristes à 554.417 entrées, selon des statistiques officielles.

Ce regain d'intérêt a été accueilli avec soulagement par les organisateurs de safaris ou de croisières du pays, sinistrés par la dégringolade économique et le climat de violences politiques à répétition qui ont marqué l'ère Mugabe.

"On a été longtemps isolés, on s'est repliés sur nous-mêmes", reconnaît l'actuelle ministre du Tourisme, Priscah Mupfumira, lors d'un entretien accordé à l'AFP.

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Pendant des années, les touristes se sont tenus à l'écart de la destination Zimbabwe, effrayés par son régime répressif, la corruption de ses policiers, ses infrastructures en mauvais état et les pénuries de carburant ou de liquidités.

La démission forcée du président Mugabe après trente-sept ans de pouvoir et son remplacement par son ex-bras droit Emmerson Mnangagwa semblent avoir changé la donne.

Energies positives

"On observe des énergies positives dans l'industrie touristique et depuis l'étranger", se réjouit Priscah Mupfumira à l'approche des élections générales du 30 juillet.

Le tourisme est "un pilier-clé de notre économie et un fruit facile à cueillir. Il faut juste se ressaisir", ajoute-t-elle.

Les autorités tablent sur la relance du secteur touristique, qui contribue à hauteur de 10% au produit intérieur brut (PIB) du pays, pour permettre de remplir, au moins un peu, les caisses toujours désespérément vides de l'Etat.

Mais leurs prévisions s'annoncent difficiles à satisfaire.

"Le Zimbabwe n'est pas une destination bon marché, tout a augmenté au cours des derniers mois en raison de l'incertitude qui plane sur le pays", note le gérant du restaurant des Trois Singes, à Victoria Falls, Ilan Wiesenbacher.

"On a constaté une augmentation stable du nombre de visiteurs", se réjouit-il toutefois.

Le brasseur Jake le Breton affiche le même optimisme prudent. Même pendant la basse saison touristique de janvier à mars, il n'a cessé de servir des pintes. "On sort d'une saison d'habitude calme (...) mais en réalité on a été vraiment occupé".

Dans ce contexte plutôt favorable, Lloyd Machaka, qui propose des tours spectaculaires en hélicoptère au-dessus des chutes Victoria, ne cache pas ses ambitions.

"Si tout va bien, on aura plus d'investisseurs, des hôtels plus grands. On veut aussi que ce soit mieux desservi par les compagnies aériennes", dit-il.

Vols directs

Le Zimbabwe a déjà ouvert son espace aérien à Kenya Airways et Ethiopian Airlines pour des vols directs de leur "hub" jusqu'aux chutes Victoria.

Les touristes peuvent compléter leur séjour par un safari dans les parcs de Hwange (ouest) et de Mana Pools (nord), une visite des ruines médiévales du Grand Zimbabwe (centre), principal site archéologique d'Afrique australe, ou encore une croisière sur le lac Kariba.

Pour attirer les voyageurs, le nouveau gouvernement a décidé de jouer la carte de la simplification administrative. Les ressortissants de 29 pays étrangers peuvent désormais obtenir leur visa une fois sur place.

Et surtout, l'Etat a déclaré la guerre aux très impopulaires barrages de police, où les automobilistes étaient contraints de payer des pots-de-vin pour échapper à de longs interrogatoires pour des infractions mineures ou imaginaires.

"Ces barrages routiers, c'était un désastre, un vrai problème", reconnaît la ministre du Tourisme.

Les autorités se sont lancées dans une campagne pour "assurer au monde entier que le Zimbabwe est ouvert aux affaires", le mot d'ordre du président Mnangagwa, "et reste une destination touristique sûre", explique Mme Mupfumira.

"Ici, je me sens en sécurité", confirme d'ailleurs Katelyn Pretzlaff, une touriste canadienne. "Les gens sont très accueillants. Le processus d'obtention de visa était vraiment facile quand on est arrivé à la frontière".

Patrice Lehmann, lui, ne se lasse pas des chutes Victoria qu'il visite... pour la troisième fois. "C'est un des endroits les plus impressionnants que j'ai vus de ma vie !", assure ce touriste français.

Avec AFP

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