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25 ans après Maastricht, Juncker met en garde contre l'éclatement de l'UE


Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, 16 novembre 2016.
Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, 16 novembre 2016.

Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a mis en garde vendredi tous les pays de l'UE tentés de faire cavalier seul, alors que l'Union est en proie au doute après le Brexit.

"Ceux qui pensent que c'est le moment de déconstruire l'Union européenne, de la mettre en pièce, de nous diviser, ont complètement tort", a lancé M. Juncker, lors d'une conférence donnée 25 ans après le sommet de Maastricht. Selon lui, "sans l'UE", aucun pays membre n'est capable de peser dans le monde.

Dans de nombreux pays de l'UE, les eurosceptiques ont le vent en poupe, comme l'a notamment montré la décision des Britanniques de quitter l'Union, par référendum en juin dernier.

Et les résultats des élections aux Pays-Bas, en France et en Allemagne l'an prochain sont attendus avec une certaine inquiétude, tant le populisme semble gagner du terrain.

Européen convaincu, le Luxembourgeois Juncker, qui est l'unique participant au sommet de Maastricht du 9 décembre 1991 encore actif en politique (il était alors ministre des Finances du Luxembourg), a énoncé ses arguments, pour balayer la vague de défiance à l'encontre de l'Union.

Actuellement, "nous sommes une part importante de l'économie mondiale, 25% du Produit intérieur brut (PIB). Dans 10 ans, ce sera 15%. Dans 20 ans, aucun membre de l'UE tout seul ne sera membre du G7", a-t-il prédit.

"D'un point de vue démographique, nous ne sommes pas complètement en train de disparaître, mais nous perdons du poids", a ajouté l'ex-Premier ministre du Grand Duché.

"Au début du 20e siècle, les Européens représentaient 20% de l'humanité, maintenant 5-6-7% et à la fin du (21ème) siècle, 4% de 10 milliards", a rappelé M. Juncker, qui fête ses 62 ans vendredi.

Il a également réprimandé les pays membres de l'UE qui ont brisé l'unité européenne lors de la crise des migrants l'an passé.

- "L'impression de faire l'histoire" -

"C'est quelque chose de nouveau. Pour la première fois dans l'histoire européenne d'après-guerre, certains pays membres n'ont pas appliqué les règles adoptées".

"Cela va à l'encontre du principe de base que l'UE est un système basé sur des règles. Ce n'est plus le cas", a-t-il déploré.

Le président du parlement européen, l'Allemand Martin Schulz, a renchéri dans la même veine. "Jamais le climat politique n'a été aussi empoisonné" que maintenant, a-t-il lancé, s'emportant contre les "mensonges" pendant la campagne précédant le référendum en Grande-Bretagne et le "Brussels Bashing" des dirigeants européens.

A Maastricht, cité historique des Pays-Bas située non loin des frontières belge et allemande, les chefs d'Etat et de gouvernement de 12 pays européens, dont le Français François Mitterrand et l'Allemand Helmut Kohl, s'étaient accordés, le 9 décembre 1991, pour transformer la Communauté européenne en Union et avaient jeté les bases de la monnaie unique.

Le Traité de Maastricht, signé deux mois plus tard, le 7 février 1992, fut ratifié d'extrême justesse par référendum en France et d'abord rejeté par les Danois qui l'acceptèrent ensuite après que Copenhague eut obtenu des clauses d'exemption. Il entra en vigueur le 1er novembre 1993.

Lors de ce sommet, les Douze affichèrent des ambitions radicalement nouvelles, dépassant de loin le projet initial de la CEE de 1957 qui était de créer un "marché commun" pour sceller la réconciliation d'après-guerre entre la France et l'Allemagne.

Ils créèrent une Union qui devait se doter d'une monnaie unique et --c'était du moins l'ambition-- d'une politique d'immigration, d'une police et d'une défense communes.

"Je me souviens du sentiment de l'époque, nous avions l'impression de faire l'histoire", a déclaré M. Juncker.

Le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, a toutefois regretté que l'UE ait commencé "d'ambitieux projets sans jamais complètement les finir, la rendant plus vulnérables en cas de crise", citant notamment celles de l'euro et des migrants.

Avec AFP

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