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Après les rebelles, le chef de la junte tchadienne gracie 259 manifestants


ARCHIVES - Le général Mahamat Idriss Deby lors de sa prestation de serment en tant que président de transition du Tchad, à N'Djamena, le 10 octobre 2022.
ARCHIVES - Le général Mahamat Idriss Deby lors de sa prestation de serment en tant que président de transition du Tchad, à N'Djamena, le 10 octobre 2022.

Ils avaient été jugés lors d'un procès de masse à huis clos, sans avocats ni médias indépendants, après plus d'un mois et demi dans une prison de haute sécurité en plein désert.

Le chef de la junte tchadienne, le général Mahamat Idriss Déby Itno a gracié lundi 259 des 262 manifestants condamnés à de la prison ferme après une manifestation contre le pouvoir réprimée dans le sang en octobre 2022, trois jours après un décret similaire en faveur de 380 rebelles condamnés à la prison à vie.

Ces manifestants avaient été jugés lors d'un procès de masse à huis clos en décembre, sans avocats ni médias indépendants, et au terme de plus d'un mois et demi de détention dans une prison de haute sécurité en plein désert au Tchad, à 600 kilomètres de la capitale, N'Djamena.

Des Tchadiens réclament une grâce présidentielle pour les jeunes arrêtés lors des manifestations de 2022
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Les accusés avaient écopé de deux deux à trois ans de prison ferme pour des "faits d'attroupement non autorisé, de destruction des biens, incendie volontaire, violence et voie de fait, coup et blessures volontaires, troubles à l'ordre public (...)" mais désormais, ils "bénéficient de la grâce présidentielle", peut-on lire dans un décret consulté par l'AFP et signé par le général Déby.

Ces condamnés, des jeunes pour l'essentiel, avaient répondu à l'appel à manifester de l'opposition contre la prolongation de deux ans au pouvoir du général Déby en octobre.

Celui-ci avait été proclamé chef de l'Etat par les militaires le 20 avril 2021 à l'annonce de la mort de son père, le maréchal du Tchad Idriss Déby Itno, tué au front par des rebelles après avoir dirigé le pays pendant 30 ans.

"C'est un geste de pardon pour permettre à tous les fils et filles du Tchad de bâtir leur pays sur des nouvelles bases", a déclaré à l'AFP le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Aziz Mahamat Saleh.

"Ces personnes vont retrouver leur liberté, leur famille et reprendre le cours de leur vie", s'est réjoui le coordinateur du collectif de leurs avocats, Frédéric Dainonet, qui voit dans cette initiative une volonté du gouvernement "d'apaiser les tensions".

Mais l'instruction n'est pas encore terminée pour un autre groupe, dont "certains" détenus "se trouvent encore dans la prison de Koro Toro", a-t-il affirmé à l'AFP.

L'enquête est toujours en cours pour une "vingtaine" de personnes détenues à N'Djamena, et une "centaine" d'autres dans la prison de Koro Toro, a déclaré Laguerre Ndjerandi, le bâtonnier de N'Djamena.

"Actes de torture"

Selon le gouvernement, 621 personnes avaient été arrêtées lors de la manifestation dans la capitale, puis acheminées à Koro Toro, une prison de haute sécurité en plein désert à 600 km au nord de N'Djamena, où elles avaient ensuite été jugées dans un procès de masse, sans avocats, ni médias indépendants, après un mois et demi de détention.

Les autorités avaient d'abord annoncé qu'une cinquantaine de personnes avaient péri lors de ce "Jeudi noir", essentiellement des jeunes tués par balles dans la capitale par les forces de l'ordre, avant de réévaluer ce bilan à 73 morts. Des ONG avaient cependant dénoncé des chiffres sous-évalués.

L'ONG Human Rights Watch (HRW) avait notamment dénoncé dans un rapport fin janvier des "meurtres", des "décès en détention", des "disparitions forcées" et des "actes de tortures" liés à la répression des manifestations par les autorités.

C'est la deuxième grâce présidentielle accordée en trois jours.

Samedi, un groupe de 380 rebelles du Front pour l'Alternance et la Concorde au Tchad (FACT), condamnés à la prison à vie pour leur implication dans la mort de l'ancien président Idriss Déby Itno, a bénéficié d'une même décision du chef de l'Etat.

Ils avaient également été reconnus coupables d'"acte de terrorisme, mercenariat, et atteinte à la sécurité du territoire national".

Condamnation des rebelles tchadiens: un leader du FACT dénonce une "parodie de justice"
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Au printemps 2021, le FACT, le plus puissant alors des groupes rebelles, avait lancé à partir de ses bases arrières en Libye, une offensive en direction de la capitale N'Djamena.

Le 20 avril, l'armée annonçait que le maréchal Déby, qui dirigeait le Tchad depuis plus de 30 ans d'une main de fer, avait été tué au front par les rebelles et nommait un de ses fils, le jeune général Mahamat Idriss Déby Itno, président de la République pour une période de transition, à la tête d'une junte militaire de 15 généraux.

Mais à l'issue de la période de transition en octobre, il a prolongé sa présidence sur recommandation d'un "Dialogue de réconciliation nationale" boycotté par la grande majorité de l'opposition politique et de plusieurs groupes rebelles armés parmi les plus importants.

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