L'armée kényane a affirmé jeudi avoir tué dans une frappe aérienne le chef des renseignements des islamistes radicaux somaliens shebab, Mahad Karate, dont la tête avait été mise à prix 5 millions de dollars par les Etats-Unis.
Les forces kényanes, composantes de la force de l'Union africaine en Somalie (Amisom), ont tué le chef des services de renseignement Mahad Karate lors d'une "importante" frappe aérienne, a annoncé l'armée dans un communiqué.
Sa mort "représente un coup majeur porté au groupe terroriste", a affirmé le porte-parole de l'armée kényane David Obonyo.
L'attaque a eu lieu le 8 février dans le sud de la Somalie. Selon l'armée kényane, 10 commandants de rang intermédiaire et 42 recrues shebab, qui venaient tout juste de finir leur période d'entraînement, ont également été tués dans ce raid aérien.
Les affirmations de l'armée kényane ne pouvaient pas être indépendamment vérifiées et les shebab, affiliés à Al-Qaïda, les ont démenties.
"Tous les combattants et les dirigeants des moudjahidine sont sains et saufs. Il n'y a pas eu de raid aérien dans le Sud et le Centre de la Somalie qui aurait entraîné des pertes parmi des responsables moudjahidine", ont indiqué les shebab dans un communiqué, ajoutant: "Les mensonges ne servent à rien sur un champ de bataille".
Karate est à la tête de l'unité Amniyat, véritable service de renseignement des shebab impliqué dans la préparation et l'exécution d'attaques-suicides et d'assassinats en Somalie, au Kenya et dans d'autres pays de la région. Il offre également un soutien logistique aux combattants shebab dans la Corne de l'Afrique, selon le gouvernement américain.
Rôle clé dans plusieurs attentats
Également connu sous le nom d'Abdirahman Mohamed Warsame, il est soupçonné d'avoir pris une part prépondérante dans la préparation de l'attaque sanglante contre l'université kényane de Garissa, qui avait fait 148 morts, dont 142 étudiants, en avril 2015.
Après cette attaque, les Etats-Unis l'avaient placé sur leur liste noire des terroristes et avaient offert une récompense de 5 millions de dollars pour toute information menant à sa capture ou sa mort.
D'après l'armée kényane, il se trouvait dans un camp d'entraînement au moment du raid aérien, "supervisant la fin de la formation d'environ 80 recrues qui devaient être déployées pour mener de nouvelles attaques terroristes", a précisé David Obonyo
Karate était l'adjoint de l'ancien chef suprême des shebab, Ahmed Godane, tué dans une attaque de drones américains en septembre 2014.
D'après des sources sécuritaires, Karate a par le passé plaidé pour que le mouvement shebab abandonne la franchise Al-Qaïda et se range sous la bannière de l'organisation État Islamique.
Si sa mort était confirmée, elle pourrait renforcer la position du numéro 1 des shebab, Ahmed Diriye, qui défend l'allégeance à Al-Qaïda.
Confrontés à la puissance de feu supérieure de l'Amisom, les shebab ont été chassés de Mogadiscio en août 2011 et ont ensuite perdu l'essentiel de leurs bastions, refusant le plus souvent le combat conventionnel au profit d'opérations de guérilla et d'attentats-suicides.
Mais ils contrôlent toujours de vastes zones rurales et restent une menace pour la sécurité en Somalie et dans les pays voisins, notamment au Kenya où ils ont mené de nombreuses attaques - certaines spectaculaires - faisant au total plus de 400 morts depuis 2013.
En janvier, les shebab avaient mené une attaque d'ampleur contre un camp du contingent kényan de l'Amisom à El-Adde, dans le sud de la Somalie. Ils avaient revendiqué la mort de plus de 100 soldats kényans, des informations invérifiables mais jugées crédibles par deux sources sécuritaires à Nairobi et soutenues par la publication de photos montrant des dizaines de soldats kényans tués dans la base détruite.
"Il semblerait que Karate ait joué un rôle majeur dans cette récente attaque", a précisé jeudi l'armée kényane, assurant à la population que les opérations contre les shebab "se poursuivront jusqu'à ce que justice soit faite".
AFP