Khalid al-Barnawi était l'un des "terroristes" les plus recherchés par les Etats-Unis. En 2012, après la mort de Abubakar Adam Kambar, il prit les rênes d'Ansaru, groupe islamiste nigérian dissident de Boko Haram et lié à Al-Qaïda au Maghreb islamiste (AQMI).
Khalid al-Barnawi faisait-il le lien entre les groupes nigérians et ceux d'Afrique du Nord et du Moyen Orient ? Était-il donc un maillon fort dans la nébuleuse islamiste nigériane ? "Les services secrets nigérians n’ont pas d’informations concrètes sur cet homme-là. Son lien avec Boko Haram n’est que de l’à-peu-près pour l’heure. Après l’émergence de Boka Haram, il y a eu des spéculations selon lesquelles ses dirigeants avaient été formés au Mali ou à la frontière avec l’Algérie. Ce n’est pas clair", affirme professeur Hudu Abdullahi Ayuba dans un entretien téléphonique avec VOA Afrique.
Cette arrestation représente-t-elle un gros coup pour les forces de sécurité et de défense nigérianes contre le terrorisme au Nigeria ? "Oui, cette arrestation montre que [les groupes terroristes] sont en déroute. C’est vrai qu’il y a eu des spéculations sur la déchéance de l’armée nigériane. Ce n’était pas ça. C’était la décision politique qui empêchait les militaires de faire leur travail. C’est une armée forte qui a manqué les moyens au début mais qui a les moyens aujourd’hui. Et maintenant on voit les résultats", indique professeur Ayuba.
C’est une stratégie qui paye. Actuellement au nord, il y a un calme. Les gens sont rassurés. Les incursions de Boko Haram sont limitées.Hudu Abdullahi Ayuba, politolgue nigérian
Ce coup de filet est-il donc le fruit de la nouvelle stratégie dans la lutte contre les groupes terroristes, mise en place par le Nigeria depuis l’arrivée au pouvoir de Muhammadu Buhari comme président ? "Tout à fait. C’est une stratégie qui paye. Actuellement au nord, il y a un calme. Les gens sont rassurés. Les incursions de Boko Haram sont limitées. Le chef d’État-major s’est installé à Maiduguri. Il y a une coopération entre les différentes agences de sécurité dont les services secrets, la police et l’armée. Même par rapport aux voisins du Nigeria, soit le Niger, Tchad et Cameroun, il y a une coopération qui s’est mise en place. Il y a des progrès", conclut professeur Ayuba.