M. Lissu est le "chief whip" de l'opposition au parlement, chargé à ce titre de faire respecter la discipline parmi les députés de ce groupe. Membre du principal parti d'opposition (Chadema), il est également bâtonnier de l'ordre des avocats de son pays.
Les raisons de son arrestation n'ont pas été précisées, bien que le porte-parole du gouvernement Hassan Abbas eût assuré dans la foulée des critiques formulées lundi par M. Lissu que "le gouvernement n'acceptera pas qu'une personne ou un groupe de personnes abusent de la liberté d'expression".
Le ministre de l'Intérieur Mwigulu Nchemba et le Premier ministre Kassim Majaliwa avaient abondé dans le même sens, promettant des mesures contre "tous ceux qui incitent au trouble".
M. Lissu "vient d'être arrêté à l'aéroport de Dar es Salaam", où il devait prendre l'avion pour le Rwanda, a indiqué à l'AFP le chargé des relations extérieures auprès de la direction du Chadema, Tumaini Makene.
Lundi, M. Lissu avait dénoncé lors d'une conférence de presse les arrestations répétées de responsables de son parti, au niveau local comme au niveau national, affirmant qu'elles étaient destinées à bâillonner toute opposition à M. Magufuli, au pouvoir depuis fin 2015.
Il avait appelé à ce que "ce dictateur et son gouvernement soient isolés politiquement, diplomatiquement et économiquement", et à ce que les bailleurs de fonds du pays cessent de donner au gouvernement Magufuli des "ressources financières qu'il utilise pour tuer la démocratie, piétiner les Tanzaniens, bâtir un système mobutiste".
Tundu Lissu avait évoqué un "climat de peur qui règne partout". "Il est grand temps que nous élevions tous la voix. Lutter contre la dictature ne doit pas être la responsabilité du seul Chadema. Leaders religieux, médias, cessez d'avoir peur", avait-il demandé.
L'opposant avait enfin accusé Magufuli d'avoir mis en place "un système basé sur le favoritisme, le népotisme, le tribalisme et le régionalisme".
Surnommé "Tingatinga" (bulldozer en swahili), le président Magufuli a marqué les esprits depuis sa prise de fonctions fin 2015 en se montrant inflexible dans la lutte contre la corruption. Mais son style peu consensuel et abrupt lui vaut d'être qualifié d'autocrate et de populiste par ses détracteurs, alors que la liberté d'expression est de plus en plus réduite dans le pays.
Des meetings de partis d'opposition ont été interdits, des journaux fermés, des journalistes et artistes molestés ou menacés de mort pour avoir critiqué la nouvelle administration. Début juillet, une députée du Chadema avait été arrêtée pour insulte au président.
Certains débats parlementaires ont par ailleurs été très houleux dernièrement, des députés de l'opposition étant régulièrement sortis de force de l'hémicycle.
Avec AFP