Sur le terrain, au moins 23 personnes, dont des enfants, ont été tuées jeudi dans des frappes de l'aviation syrienne sur un bastion rebelle à l'est de Damas, selon une ONG syrienne.
"Y-a-t-il une volonté populaire pour tenir des élections présidentielles anticipées? Si oui, je n'ai pas de problème avec cela", a dit M. Assad dans un entretien à l'agence de presse officielle russe Ria-Novosti diffusé jeudi.
Le mandat de M. Assad s'achève théoriquement en 2021, mais la résolution 2254, qui établit une feuille de route pour une solution politique à la guerre, prévoit la tenue d'élections parlementaires et présidentielles dans les 18 mois.
Cette feuille de route comprend également, entre autres, des négociations entre l'opposition et le régime, dont un premier round a eu lieu du 14 au 24 mars à Genève, et la constitution d'un organe de transition.
Le sort réservé à M. Assad dans les futures institutions reste cependant la principale pierre d'achoppement entre le régime et l'opposition et leurs alliés respectifs Moscou et Washington, les premiers assurant que seul le peuple syrien peut décider de son avenir, les seconds appelant à son départ.
Des élections où ?
Dans un premier volet de l'interview diffusé mercredi par Ria-Novosti, M. Assad avait réitéré son appel à un gouvernement de transition rassemblant ses fidèles et l'opposition, et rejeté l'idée d'un "organe de transition aux pleins pouvoirs" défendue par l'opposition.
M. Assad avait été réélu en 2014 pour un troisième mandat de sept ans lors d'un scrutin qualifié de farce par l'opposition et les pays occidentaux. Des élections parlementaires sont prévues le 13 avril prochain.
Dans l'interview diffusé jeudi, M. Assad a en outre indiqué que tous les citoyens syriens, dans le pays ou à l'étranger, pourraient voter pour la présidentielle.
Il demeure cependant difficile de dire dans quelle mesure ils pourront tous voter sachant que des millions de Syriens sont réfugiés à l'étranger et que, dans le pays, des régions entières sont contrôlées soit par des organisations jihadistes comme le groupe Etat islamique (EI) ou le Front al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda, soit par des groupes rebelles.
C'est le cas notamment de la Ghouta orientale, une région à la lisière est de Damas, qui est un fief de l'influente faction rebelle Jaich al-Islam (l'Armée de l'islam).
L'aviation du régime y a mené jeudi des frappes sur la localité de Deir al-Assafir qui ont fait 23 morts, dont quatre enfants et quatre femmes, et des dizaines de blessés, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
L'ONG a dénoncé "la plus grave violation" de la trêve dans la Ghouta orientale, en référence au cessez-le-feu entrée en vigueur fin février dans les zones de combats entre le régime et les rebelles.
Cinq années de guerre ont plongé le pays dans une situation humanitaire catastrophique, avec notamment des centaines de milliers de personnes assiégées et manquant de tout.
Les Kurdes visent Raqa
L'ONU et ses partenaires ont pu livrer une aide à 399.452 personnes assiégées ou vivant dans des regions difficiles d'accès, depuis le début de l'année, a indiqué Jan Egeland, le conseiller spécial pour l'aide humanitaire de l'émissaire de l'ONU Stefan de Mistura.
Le patron des opérations humanitaires des Nations unies Stephen O'Brie a cependant déploré que "les autorités syriennes continuent de ne pas donner l'accord (de se rendre) dans certaines zones".
Dans le nord du pays, un commandant militaire tunisien de l'EI a été tué mercredi soir par une frappe "très probablement menée par la coalition dirigée par les Etats-Unis", a indique l'OSDH.
La frappe, menée près de Raqa, le principal bastion de l'EI, intervient après une série de revers pour le groupe jihadiste en Syrie, notamment la perte de la cité antique de Palmyre (centre), reprise dimanche par l'armée avec l'appui de la Russie.
L'EI doit également faire face aux Kurdes syriens, dont le chef Saleh Muslim a déclaré que les forces kurdes se préparaient à la bataille de "libération" de Raqa sous l'égide de la coalition internationale, menée par les Etats-Unis.
La Syrie est le théâtre d'une guerre civile déclenchée en 2011 par une révolte qui a été réprimée dans le sang par le régime.
Le conflit, dans lequel sont impliqués de nombreux acteurs régionaux et internationaux, a fait plus de 270.000 morts et jeté sur les routes la moitié de la population.
Avec AFP