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COVID-19: les tâtonnements coûteux des dirigeants sénégalais amplifient le doute


Les acteurs du secteur des transports préparent la reprise à la gare des baux maraichers de Dakar , le 5 jun 2020. (VOA/Seydina Aba Gueye)
Les acteurs du secteur des transports préparent la reprise à la gare des baux maraichers de Dakar , le 5 jun 2020. (VOA/Seydina Aba Gueye)

Après des manifestations qui ont secoué le pays, les autorités du Sénégal ont décidé de procéder à un nouvel assouplissement des restrictions. Malgré ces annonces très attendues, les Sénégalais ne sont pas totalement satisfaits.

Après deux nuits de violentes émeutes de Touba à Dakar, le gouvernement sénégalais recule à nouveau face à la pression de la rue.

Au-delà des aménagements sur le couvre-feu et la levée de l'interdiction des transports interurbains, le gouvernement a également décidé d'assouplir les restrictions sur les réunions dans les endroits publics ou privés, les restaurants, les salles de sport, les salles de jeux. Des décisions prises pour calmer les frustrations d'une population qui se dit fatiguée par les tâtonnements des autorités dans la gestion du coronavirus.

En effet, depuis le début de la pandémie en mars, les autorités donnent l’impression de faire du pilotage à vue pour éviter des obstacles. Même les justificatifs officiels de l'assouplissement (le dépassement du pic, par exemple) ne convainquent pas. Pire, ils sèment le doute dans l'esprit de certains citoyens.

C'est le cas d'Alioune Badara Gueye, qui n'est pas convaincu que le pire est passé. "Je crois qu'on n'a même pas atteint la moitié plutôt que le pic. Au Sénégal si on avait atteint le pic ça devait être la catastrophe", affirme-t-il, catégorique.

Le jeune homme souligne qu'en ce moment il y a des rassemblements, mais aucun cas n'y est signalé. "Tu ne vois même pas une personne que tu connais te dire: 'j'ai le corona, je suis malade'".

Les transporteurs qui ont déclenché la vague de contestation à travers le pays sont les premiers à se réjouir de l'allègement des restrictions même s'ils relèvent des insuffisances.

Mor Ndiaye est chauffeur sur l'axe Dakar-Touba. Il estime que le maintien du couvre-feu à 23 heures peut encore être un souci à cause des aléas. Les autorités ont commis des erreurs qui ont poussé les populations à bout, créant ainsi une pression sociale intenable pour le président Macky Sall.

Telle est aussi la conviction d'Ousseynou Souaré, qui estime que tout le monde en a ras-le-bol du confinement parce que si les mesures étaient ​adéquates "on en serait pas là". Pour lui, les couacs sont nombreux.

"Les gens qui attendent jusqu’à présent pour recevoir leur aide ne l’ont pas reçue. Les gens ne travaillent plus, l'économie est entrain de partir en lambeaux, les gens ne savent plus à quel saint se vouer", souligne-t-il.

"La population ne comprend même pas les décisions de l'État", renchérit Alioune Badara Gueye​. "Ils prennent des décisions, mais ils n'assument pas leurs responsabilités".

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