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Astana et Genève, deux réunions pour faire taire les armes en Syrie


Astana, les 23-24 janvier 2017.
Astana, les 23-24 janvier 2017.

Alors que la guerre en Syrie s'apprête à entrer dans sa septième année, les réunions d'Astana et de Genève vont tenter de rapprocher le régime et les rebelles, mais le fossé reste immense.

Quels pourparlers sont prévus?

La réunion de jeudi à Astana doit être la poursuite de celle tenue en janvier dans cette ville à l'initiative des alliés de Damas, la Russie et l'Iran, et de la Turquie, soutien des rebelles.

Le ministère kazakh des Affaires Étrangères a affirmé qu'étaient conviés des représentants du gouvernement et des groupes rebelles ainsi que l'émissaire de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, et des diplomates américains.

Les négociations devaient initialement s'ouvrir mercredi et durer deux jours. Mais elles ont été repoussées à jeudi, a fait savoir mercredi le Kazakhstan, sans plus de détails.

Astana sera une chance "de faire le point sur l'engagement des différentes parties à réfréner l'usage de la force et à promouvoir le processus politique", a expliqué le chef de la diplomatie russe Serguei Lavrov.

Les discussions auront un caractère "purement militaire", selon une source syrienne.

En revanche, la réunion de Genève qui s'ouvre le 23 février sous les auspices de l'ONU devrait se concentrer sur les aspects politiques de la crise, dont le sort du président Bachar al-Assad.

Moscou assure que le processus d'Astana vient en soutien aux discussions de Genève, mais certains experts pensent que la Russie agit avec la Turquie pour que la "voie d'Astana" soit une alternative à Genève.

"En théorie, Astana est complémentaire de Genève mais en pratique il apparait comme un moyen pour la Turquie, la Russie et dans une certaine mesure l'Iran d'essayer de concevoir une solution politique mutuellement satisfaisante", note Sam Heller, un chercheur du think-tank Century Foundation.

Qui participent à ces pourparlers?

Le gouvernement syrien a annoncé sa participation à Genève, où sa délégation sera dirigée par l'ambassadeur syrien à l'ONU Bachar al-Jaafari.

Ce week-end, la principale composante de l'opposition a présenté 21 membres de sa délégation, dont 10 représentants des groupes rebelles. Mais d'autres groupes de l'opposition ont refusé sa tutelle.

Cette délégation sera présidée par Nasr al-Hariri, un cardiologue de 40 ans originaire de la ville méridionale de Deraa. Le négociateur en chef sera l'avocat Mohammad Sabra, proche de la Turquie, qui remplace Mohammad Allouche, représentant de Jaych al-Islam (Armée de l'Islam).

Ce puissant groupe rebelle dans la région de Damas a affirmé qu'il participerait à la délégation comme conseiller et que son remplacement ne signifiait pas de sa part un boycottage.

Le Haut comité de négociations (HCN) a présenté sa délégation comme "unifiée" et affirmé qu'elle représentait tous les courants de l'opposition, notamment les groupes du Caire et de Moscou, mais ces derniers ont démenti être représenté par le HCN.

La participation aux pourparlers d'Astana est plus confuse. Seule certitude, la délégation gouvernementale conduite par M. Jaafari était déjà mardi dans la capitale kazakh.

Mais au moins trois groupe rebelles ayant participé à la première réunion d'Astana ont indiqué à l'AFP ne pas avoir reçu d'invitation et plusieurs de ses représentants doutent qu'ils puissent s'y rendre.

Le bureau de M. de Mistura a annoncé l'envoi d'une "équipe technique" et la Jordanie d'observateurs tandis que Washington n'a pas encore décidé.

Quels sont les obstacles?

Le premier objectif d'Astana était au départ de renforcer le cessez-le-feu en vigueur depuis le 30 décembre à l'initiative de la Turquie et de la Russie.

Mais comme la participation des rebelles est incertaine et que la première réunion n'a pas apporté de grands résultats, ils est douteux que la réunion de cette semaine fasse avancer la paix.

Seule avancée, le régime syrien s'est dit prêt à échanger des détenus contre des otages chez les rebelles, "dans le cadre d'Astana".

A Genève, les divergences entre protagonistes sont considérables, notamment concernant l'avenir du président Assad. L'opposition exige son départ mais pour le régime ce sujet est tabou.

La Turquie a assoupli sa position mais l'opposition ne semble pas suivre ce chemin.

En outre, le régime est en position de force après sa victoire à Alep et ne semble donc pas prêt à des concessions.

"Je ne pense toujours pas que les loyalistes soient sérieux (...) dans leur désir de faire des compromis. Ils sont plutôt enclins à demandé aux rebelles leur reddition qui sera présentée comme un accord politique", avance Thomas Pierret, un expert de la Syrie à l'université d'Édimbourg.

Avec AFP

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