Le patron des opérations de maintien de la paix Hervé Ladsous a reconnu qu'une enquête avait constaté "des lacunes dans la réponse" des soldats de la Mission de l'ONU en Soudan du Sud (Minuss) en poste à l'époque à Malakal.
"Certains ont manqué de réactivité et certains ont manifesté une méconnaissance des règles d'engagement", c'est-à-dire d'usage de la force pour protéger les civils.
Il a refusé de les "dénoncer" ou de donner leur nationalité mais a affirmé "qu'il y aura des rapatriements d'unités et de certains officiers".
"Il y aura un suivi comme cela a été le cas sur d'autres théâtres d'opération", a-t-il ajouté. L'ONU doit aussi nettement améliorer la formation des Casques bleus avant leur déploiement, a-t-il expliqué.
Des contingents venus d'Ethiopie, du Rwanda et d'Inde étaient à Malakal au moment de l'attaque.
Selon les conclusions de l'enquête menée sur place par une équipe de l'ONU, certains des assaillants qui ont pénétré dans le camp les 17 et 18 février "portaient des uniformes de l'armée sud-soudanaise (SPLA)".
Ils ont utilisé "des armes perfectionnées, dont des balles traçantes et des grenades" lors de cette attaque, qui a fait au moins 30 morts et 123 blessés.
L'ONU a demandé au gouvernement sud-soudanais de traduire en justice les coupables.
Un autre rapport de l'ONU, basé sur une enquête interne concernant la conduite des Casques bleus stationnés à Malakal, n'a pas encore été publié mais devrait l'être "très bientôt", selon M. Ladsous, qui en a donné la primeur au Conseil de sécurité lors de consultations mercredi.
Selon le porte-parole de l'ONU Stéphane Dujarric, ses premières conclusions font apparaître "une certaine confusion à propos de la chaîne de commandement et des règles d'intervention, ainsi qu'un manque de coordination" entre les Casques bleus.
Il y avait aussi "des attentes irréalistes sur le niveau de protection que la Mission de l'ONU pouvait raisonnablement apporter à 48.000 déplacés à Malakal à l'époque de l'incident".
L'ONG Médecins sans frontières, qui était présente à Malakal et a soigné les victimes, est beaucoup plus sévère.
Elle accuse les Casques bleus d'avoir "failli à leur mission de protéger les civils" de Malakal. Selon MSF, ils n'auraient pas pris assez de précautions pour empêcher l'entrée d'armes dans le camp avant l'attaque et auraient été "extrêmement lents à repousser" les assaillants. Ils auraient aussi empêché des centaines de civils de passer dans une autre zone du camp plus sûre.
Des dizaines de milliers de civils déplacés par la guerre civile ont trouvé refuge dans les camps de l'ONU dans tout le pays. 50.000 environ se trouvaient à Malakal à l'époque de l'attaque.
Avec l’AFP