Le bilan de l'attaque, le 15 janvier d'une base militaire kényane du sud de la Somalie, restait inconnu mardi au lendemain du rapatriement à Nairobi des quatre premiers corps de soldats tués et alors que la situation exacte sur le terrain restait incertaine.
"Nos héros tombés au combat rentrent à la maison. Les blessés sont pris en charge par nos équipes médicales", a déclaré mardi le président kényan Uhuru Kenyatta, sans donner de bilan de cette attaque et précisant que les opérations de récupération des morts et des survivants se poursuivaient.
"Nous ne plions pas. Alors que je vous parle, nos forces mènent d'intenses opérations de recherche, sauvetage et récupération, afin de ramener à la maison nos héros tombés ou blessés. Ca a été et ça reste notre principale priorité", a-t-il poursuivi, tout en assurant que les shebab "paieraient cher pour leur crime".
Quatre cercueils, drapés dans le drapeau national, ont été accueillis lundi soir sur l'aéroport civil Wilson de la capitale kényane par la ministre de la Défense Raychelle Omamo, qui a parlé d'un "moment sombre pour les Forces de défense du Kenya (KDF) et pour l'ensemble du pays".
Selon le quotidien Daily Nation, une trentaine de militaires survivants, certains légèrement blessés, ont été rapatriés depuis vendredi à Nairobi. Selon le journal, certains ont marché de longues heures pour rejoindre d'autres bases des KDF.
Le quotidien Stardard a affirmé de son côté qu'un premier groupe de forces spéciales kényanes, dont une partie parachutée, avait finalement atteint lundi soir le camp d'El-Adde, à environ 80 km de la frontière kényane dans la région méridionale de Gedo, et tentait de localiser des survivants se cachant alentour.
Selon Mme Omamo, le camp militaire attaqué vendredi à l'aube abritait "une force de la taille d'une compagnie", soit, selon une source militaire, environ 180 hommes, membres du contingent kényan intégré à la Force de l'Union africaine en Somalie (Amisom), déployée depuis 2007 en Somalie.
D'après les témoignages, les assaillants shebab ont submergé la base après avoir ouvert la voie avec un véhicule suicide, un modus operandi similaire à celui employé contre des bases burundaise et ougandaise de l'Amisom en juin et septembre derniers, dont s'étaient aussi temporairement emparés les shebab.
Les islamistes somaliens - qui ont coutume d'exagérer leurs bilans alors que l'Amisom et les pays contributeurs dévoilent rarement leurs pertes - ont assuré avoir tué plus de 100 militaires kényans et en avoir capturé d'autres, un bilan et des assertions impossibles à vérifier de source indépendante dans l'immédiat.
Des sites jihadistes somaliens affirment que 12 soldats kényans sont aux mains des shebab, alors que Radio-Andalus, antenne des islamistes, a diffusé des enregistrements de ce qu'elle affirme être leurs voix.
Malgré l'absence de bilan, le chef de l'opposition kényane, l'ancien Premier ministre Raila Odinga, a qualifié l'attaque de "pire action du genre contre nos troupes dans l'histoire de notre Nation". "Nos citoyens (...) veulent savoir comment cela s'est passé, le nombre de victimes, de survivants et où ils se trouvent, et comment faire en sorte que cela ne se reproduise pas", a-t-il poursuivi dans un communiqué.
Les troupes kényanes sont entrées en octobre 2011 en Somalie, qui partage quelque 700 km de frontière poreuse avec le Kenya, pour endiguer les incursions shebab et ont intégré en juin suivant l'Amisom.
Depuis cette intervention, le Kenya a été la cible de nombreux attentats des shebab, dont certaines spectaculaires - contre un centre commercial de Nairobi en septembre 2013, contre des villages de la Côte en juin et juillet 2014 ou contre l'Université de Garissa en avril 2015. Ces attaques ont fait plus de 400 morts depuis 2013.
AFP