Les sergents Zanga Zoumana Coulibaly et Brice Touré (membre de la Garde Républicaine ivoirienne) ont été reconnus coupables de "violation de consignes" et "association de malfaiteurs" par le tribunal militaire pour avoir rencontré Assane Barry, dit "Sam", l'un des suspects de l'attentat.
Le tribunal a suivi la réquisition du commissaire du gouvernement, Ange Kessi qui avait demandé "dix ans de prison ferme et 200.000 FCFA (305 euros) d'amende" pour chacun des accusés pour "s'être associé par leur cupidité, aux activités délictueuses (...) qui ont provoqué un désastre, une catastrophe, une calamité, un massacre en Côte d'Ivoire".
La défense a "plaidé la relaxe pure et simple" de ses clients, estimant que l'enquête sur l'attaque de Grand Bassam en était "à ses balbutiements".
"Je suis déçu de cette condamnation" a réagi l'avocat de la défense, Me Raoul Gohi Bi, promettant de se pourvoir en cassation.
"Sam", le témoin et l'un des suspect de l'attentat, chauffeur de profession, doit être poursuivi dans un autre procès devant un tribunal civil pour "crimes, terrorisme et association de malfaiteurs".
Jeudi à la barre, le sergent Coulibaly a déclaré "n'avoir rien à (se) reprocher". "Je n'ai (pas) collaboré avec un quelconque terroriste", a-t-il lancé.
"Je suis innocent, je n'ai rien avoir avec cette affaire qui me dépasse", a affirmé de son côté le sergent Touré, membre de la Garde Républicaine ivoirienne.
L'arrestation de ces deux soldats avait été annoncée le 13 juillet par le procureur militaire, Ange Kessi.
"On leur reproche d'avoir cohabité avec ces personnes, d'avoir échangé avec le chauffeur (du commando jihadiste). Ils disent qu'ils ne savaient pas que c'était des jihadistes. On leur répond: +Vous auriez dû savoir+", avait expliqué le 13 juillet M. Kessi lors d'un point de presse à Abidjan.
"C'est une grave erreur, une faute, une infraction militaire que de ne pas avoir dénoncé la présence du conducteur de ce groupe à leurs chefs pour qu'on prévienne ces attentats", avait-il poursuivi.
L'attaque de Grand Bassam, perpétrée le 13 mars 2016 près d'Abidjan, avait fait 19 morts (dont 4 Français) quand des jihadistes avaient ouvert le feu sur des touristes et passants sur la plage et les terrasses du bord de mer.
Revendiquée par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), cette attaque était la première de ce type perpétrée sur le territoire ivoirien.
En janvier 2016, le Burkina Faso voisin avait lui aussi été visé par un commando jihadiste qui avait ouvert le feu sur les clients de restaurants et hôtels de la capitale Ouagadougou, faisant 30 morts et 71 blessés, majoritairement des étrangers.
Plus de 80 personnes ont été interpellées en Côte d'Ivoire dans le cadre de ces attentats, avait indiqué en avril le ministre de l'Intérieur ivoirien, alors que l'enquête a des ramifications allant jusqu'au Mali et au Burkina Faso.
Avec AFP